TRISTOUNETTE-COLÉRQIUE ?

Garance doré, coppenhague



La photo est de Garance Doré


Comme c'est mercredi matin, que c'est la journée des enfants et qu'il ne faudrait quand même pas trop rigoler et kiffer sa race d'être au monde, moi, votre humble serviteur, je tiens à vous raconter une histoire bien plombante, mais qui, comme pour une Cendrillon moderne, ça finit bien.

Les premiers mois de l'année 2016 n'ont pas été très joyeux pour moi. Il ne s'est pas passé des trucs forcément graves, juste c'était pas la pêche. Grave pas la pêche même.

J'étais hyper triste, sans entrain et surtout très, très en colère ce qui faisait de moi une congénère ô combien sympathique avec qui on avait envie de passer du temps de qualité.

Alors en colère Marie, mais en colère de quoi? Ben en colère à force de ne pas aller bien (encore, ma vie, c'est relou), à force de me sentir coincée dans des systèmes tout pourris dont je ne m'extrayais jamais et qui vraiment, me faisaient de plus en plus dire que j'avais un souci majeur et que ça serait toute la vie comme ça vu que ça faisait tellement longtemps et que ça revenait à chaque fois (NDLR: Ré-écrire plus souvent, phrases trop longues / style trop lourd).

Le souci majeur? Moi en toute simplicité. C'est à dire? Ben je savais pas vraiment mais plus ça avançait plus je me disais que même si je luttais, ça n'était qu'une forme d'évitement et qu'il fallait se rendre à l'évidence, ça ne marchait pas terrible cette histoire.

Je me disais de plus en plus que la tristesse faisait totalement partie de moi.

Voilà bilan début 2016 un peu pourri et surtout je n'avais pas de perspectives réelles.
Tous les projets qui me tenaient à coeur je ne les menais jamais à bout alors que j'avais la conviction que les autres si, que je n'arrivais à rien alors que les autres si, qu'il me manquait genre un boulon dans le cerveau. Pétrifiée, je te jure c'était très étrange comme sentiment. Et ça me rendait triste, mais bordel tellement triste (tapage de barre en ce mercredi hein!).

Alors je cherchais en profondeur (cette phrase n'est pas salace promis) à l'intérieur pour trouver une putain de réponse... Je me disais sûrement que ça serait une réponse subtile, quelque chose d'un peu étonnant, une révélation sur la vie tout ça...

Du coup, maintenant je vois un peu mieux et c'est nettement mois de "classe mélancolique" que ce que je m'étais imaginé...

Depuis cette rentrée j'ai un rythme très soutenu. En plus de la fac (même que j'ai des devoirs), je bosse et du coup mes semaines sont hyper remplies.
Et je me suis souvenue d'un truc que j'avais déjà abordé il y'a quelques années quand je parlais de l'achat compulsif.

En fait c'était pas un truc "classe mélancolique" que j'avais, point de Baudelaire dans ma chair, point de Cioran comme Jiminy Cricket sur mon épaule, non, en fait que ce que j'avais, je me faisais chier. Voilà quel était mon problème.

Alors le dire comme ça, ça a nettement moins de gueule mais vraiment j'insiste, je mésestime souvent l'importance de l'ennui dans l'humeur. Et je ne pense pas être la seule. L'ennui, c'est vraiment un truc nul mais qui est yin excellent révélateur de ce qui dysfonctionne dans notre vie. Si on y est attentif ça met sur des pistes à creuser.

J'ai déjà dit que je suis une enfant unique donc j'ai passé beaucoup de temps seule et vraiment il m'en faut pour m'ennuyer. Enfin c'est ce que je me disais rapport que j'adore faire et apprendre des trucs quand je suis toute seule, mais là ça ne suffisait pas pour se stimuler.
Comme j'ai la capacité à me passionner pour 1000 trucs du coup, je sautais d'un centre d'un intérêt à un autre, je me passionnais et j'ai longtemps cru que je n'étais pas sensible à l'ennui...Bon en fait si hein!

Et c'est cet ennui là qui a, à force, avait fini par me rendre tristounette-colérique (et relou du coup).

Bon je ne dis pas que c'est systématiquement ça pour tout le monde, évidement, mais il y a aussi des tristesses sans fondement apparent qui peuvent, pourquoi pas, trouver leur source dans cette même chose. L'ennui.
Alors l'ennui c'est pas forcément ne rien faire en soi, mais c'est être aussi (dans mon cas) dans un mode d'existence sans enjeux réels et sans perspective particulièrement intéressante.

Ma rentrée à la fac a aussi été un moyen de sortir de cette inertie là (intellectuelle mais pas que) mais il n'y a pas que ça puisque ça m'a fait rentrer dans un cercle plus "vertueux" dans lequel je me sens mieux très clairement.
Je ne baigne pas dans la félicité, faut quand même pas déconner, mais je me sens fondamentalement mieux et figure toi que ça a fait changer plein de trucs dans mon quotidien...

J'y reviendrai parce que dans des tas de domaines je reviens de super loin (genre l'insomnie) et que je serai votre humble serviteur aka votre copine "névrosée" qui voit le bout pour certains trucs et que ça fait plaisir du coup ça devrait vous mettre du baume au coeur peut-être.
Genre là, 7h30 j'écris ce billet avant d'aller en cours et je suis en forme puisque je dors à 11 heures maintenant. Il y a 3 mois, cette phrase était du domaine de la science-fiction.


Je reviens cette semaine pour vous parler de ma reprise d'études plus en détails, pas mes cours dont vous allez vous foutre mais plus de ce que rentrer à la fac après 30 ans veut dire (ou 40 ou 50, ça doit marcher pareil!).

Je vous embrasse passez un bon mercredi.

Marie aka votre Cendrillon du ghetto (tmtc)



Commentaires

audrey sasha a dit…
Ah super Marie Jai hate de lire les prochains articles ! Ça motive en tout cas de lire ce que tu écris !
Bises Marie
Lucie a dit…
Ce truc de l'ennui caché, qui donne la mélancolie du quotidien, je l'avais déjà constaté (truc d'ado consterné végétatif à se demander à quoi il sert et qu'en fait ça sert à rien)
Par contre la révélation de ma trentaine, c'est que la solitude est encore pire ! Pour le moral, pour le porte monnaie, pour la gestion du temps, pour le sommeil, pour tout.
Je dis ça en toute connaissance du sujet, je suis seule un peu plus chaque année et on ne part pas de loin. Et même si je gère très bien la solitude, qu'elle ne rime pas avec ennui à force de m'occuper dans mon coin, je vois bien les effets néfastes qu'elle a...
Bref, cool que cette phase soit derrière toi et que son analyse soit faite, et oui, parle nous de la fac :)
Bonne journée, bises
Unknown a dit…
Marie,
Depuis de longues longues années, je suis une de tes lectrices de l'ombre. A l époque j étais ado, quelque chose comme 17 ans, je lisais tous les blogs mode dont j étais très friande. Bientot 10 ans ont passé. Je te lis encore, tu es la seule qui est restée. Je peux le dire, je crois: j aime ta plume d amour. J aime ton regard très juste sur les choses. Avec tout ce temps, tes considérations sont toujours proches des miennes. Bref. Je voulais en définitive juste te dire 1) joyeux blog' niversaire en retard. 2) après 3 ans d'un poste marketing je viens de reprendre mes études pour devenir Instit. Il m'a fallut un an pour réaliser à quel point l ennui me minait le moral: insomnie, regard noir sur les choses, mélancolie... Mais maintenant, il me semble que j'ai trouvé du sens. Je me retrouve complètement dans ce que tu dis, et je suis bien impatiente d'en savoir plus, du coup! Bon courage pour cette année chargée!

Unknown a dit…
Je connais cet ennui, il est terrible. Couplé à un deuil que je refusais de faire, il m'a poussé il y a quelques années à des extrémités dont je me suis sortie mais de justesse ... j'ai failli perdre beaucoup, presque tout en fait.
Depuis, je traque le moindre signe et suis hyper attentive à ses symptômes. Hors de question de me laisser à nouveau emporter.

PS : je ne parle pas de dépression mais vraiment d'ennui. Ce n'est pas la même chose. Mais je pense que seuls ceux qui ont vécu ça peuvent percevoir la différence entre les deux états.
EMI. a dit…
Coucou Marie,

Contente de te lire !
Alors les périodes creuses et vides, pleine d'ennui. Ca me connait.
Mais ce n'est pas sur ça que je vais réagir aujourd'hui. Si ce n'est qu'après mes études et m'être lancé dans le travail, j'ai passé trois ans dans une fase d'ennui. Et au plus ça avançait, au plus grave était ma détresse et ma tristesse. Et puis un jour. Par le plus pure des hasards, mes collègues ont vu quelques illustrations que j'avais réalisé. Ils m'ont complimenté, ils m'en ont commendé. Et maintenant, depuis 1 ans et demi je dessine comme une acharnée (évidemment, ça dépend des périodes) mais je m'y tiens. j'ai des commandes, j'en vend aussi et j'ai été sélectionnée pour les exposer. Et ça m'a fait du bien, de me retrouver artistiquement. Chose que j'avais perdue depuis mes études.

Mais, si je commente aujourd'hui, c'est surtout pour parler de ton "blocage" à écrire. C'est mental. Du moins ça l'état pour moi. Pour mon cas, j'ai toujours dessiné. Depuis aussi longtemps que je me souvienne. J'ai fais quelques courts d'académie étant petite. Mais j'ai toujours lâché très vite, car une chose était à constater. Je n'ai JAMAIS su dessiner le réalisme. Et à l'académie ou même plus tard à l'école, on me répétait sans cesse que je ne savais pas dessiner, que même Picasso savait parfaitement maîtriser l'anatomie avant de déstructurer ses peintures.
Et puis un jour, va savoir pourquoi. J'ai lâché prise. Je me suis dit, OK je ne sais pas dessiner. Mais je sais illustrer. (Ce n'est qu'un jeu de vocabulaire, mais dans mon cerveau, ce fût bénéfique). J'ai continué à illustrer ce qui me plaisait, et comme il me plaisait. Et tant pis si les proportions ne sont pas correctes, j'ai même appris à les accentuer. Et c'est comme ça que je me suis développé un style plutôt personnel. Plein de nymphes, de quêtes identitaires et féminines, de beauté et non beauté, d'animaux et de nature.
J'ai fais de mes défauts, (ce que je croyais être mes défauts) ma force.

Alors, ce long texte n'est pas pour me venter, loin de là. Mais je me dis que si tu n'arrives qu'à écrire de courts textes, et bien fait le. Ce n'est pas grave. Fais en ta marque de fabrique. Et puis peut-être qu'un jour un texte un peu plus long viendra. Ou peut-être pas... Le plus important est de faire. Et d'être bien avec toi-même. J'avais adoré les quelques textes/nouvelles que j'avais pu lire sur ton blog. C'était fort. Puissant. Sensible. Tout est possible. <3 <3 <3
Boudicca a dit…
Aaah l'ennui ... C'est ma grosse frayeur depuis petite. Moi aussi j'ai eu une enfance plutôt solitaire, j'ai pris l'habitude de m'occuper toute seule mais au bout d'un moment le temps me paraissait long. Et j'avais l'impression que tout le monde s'ennuyait dans mon entourage, mes parents surtout. Je crois que je me suis faite beaucoup chiée pendant ma jeunesse (enfin je dis ça mais j'ai 22 ans donc j'suis pas bien vieille non plus ^^). Mais le collège, le lycée, tjrs la même chose. J'ai mis du temps avant de comprendre qu'en réalité, mes problèmes d'anxiété et mes problèmes de dépression n'étaient pas liés à ma personnalité mais plutôt à un mode de vie qui ne me correspondait pas. Alors l'année dernière j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai lancé un gros fuck : j'ai arrêté mon master qui me soulait au bout de 3 semaines seulement, j'ai quitté mon mec avec qui j'étais depuis 4 ans (et avec qui je me faisais royalement chiée, il faut le dire ...), je me suis trouvée un petit job, j'ai mis des sous de côté et je suis partie voyager toute seule pendant 20 jours au Royaume-Uni (truc que j'avais tjrs rêvé de faire mais qui paraissait un peu "interdit" dans ma famille). Bref j'ai commencé à vivre vraiment, à me libérer de ce nuage qui m'entourait. Là j'ai repris des études qui me plaisent beaucoup plus (avec un objectif concret et un boulot à la clée si tout se passe bien)et je me sens vraiment mieux. Bien sûr il y a tjrs des moments difficiles,anxiété bonjour ! C'est souvent le matin d'ailleurs, j'ai un mal fou avec le matin, c'est incroyable le nombre de doutes qui m'assaillent, j'ai l'impression qu'il me faudrait une grue pour me lever ! Et puis aussi les problèmes de procrastination propre à notre société. Même quand j'ai envie de faire un truc, j'ai du mal à me mettre dedans, c'est terrible ... Mais bon je me dis que je reviens de loin et chaque chose en son temps ! En tous cas merci beaucoup pour ton article, déso pour le racontage de vie et bonne journée à toi ! :)
Agnes a dit…
Ton article tombe tellement bien... Mon quotidien en ce moment (ces deux dernières années) est d'une vacuité abyssale, comment te dire que je me retrouve en tout point dans ce que tu racontes, l'impuissance et le manque de motivation un régal...

Hâte de lire la suite des évènements et des pistes de sorties ;-)

Bisous
Lulu a dit…
Merci Marie pour cet article.. Hâte de lire le lien entre ennui et insomnie, exactement ce que je ressens en ce moment
renardeau a dit…
ah super! on va enfin pouvoir troller un peu sur ce blog sans se faire cramer les poils des fesses au bazooka.
Anonyme Amande a dit…
Ah oui alors des trucs contre l insomnia je prends, sauf que les miennes demarrent vers 3h du mat quand je me reveille subitement a 3,04 et pas 3,03 ou 2,59.....

J ai aussi vecu une annee pas facile au niveau du moral, j ai mis toute mon energie dans une histoire d amour qui s est finie super brutalement, et je me suis retrouvee dans cet etat minable ou tu te sens videe, limite pietinee, sans aucune perspective a venir.

Et ce constat qui dure depuis des annees que veritablement, sentimentalement je suis condamnee a la loose, contraiement a mes amis qui sont tous en couple et des couples mega solides (je pense qu inconsciemment je les ai choisi ainsi ;-))

Enfin pardon de raconteur ma life mais contrairement a toi, l introspection na chez moi aucun effet concret !

Hate d en savoir plus sur tes etudes !
Mary a dit…
Ennui. Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide.
(Blaise Pascal, Pensées)

Merci pour ton blog, je me sens moi seule du coup ;)
Anonyme a dit…
Bonjour Marie,

Est-ce que tu t'es déjà penché sur le sujet de la douance/surreficience mentale?

Je viens de découvrir ça pour ma part, quelqu'un m'a posé la question justement, et ... je te laisse deviner la suite.

Bref, tu devrais regarder, on sait jamais.

Belle journée!
Améline a dit…
Marie, comme toujours depuis tant et tant d'annees tes mots font échos chez moi.
Comme toi j'ai eu une grosse prise de conscience il y a un petit mois.
Et ce qui manquait à ma vie c'était du sens, un but, un objectif.
Je me faisais grave chier dans ma vie encroutee qui professionnellement ne me ressemble/ressemblait pas.
Du coup j'ai porté mes corones et je me suis inscrite en candidat libre au CAP Petite enfance, un vieux reve jamais mis en pratique alors que depuis que je suis inscrite je me dis "mais bon sang mais bien sûr c'est évident que c'est ma came".
Alors je nous souhaite, à nous éternelle névrosée de faire sens à notre vie de demain .

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