DIMANCHE 6 MARS, TEXTE 2

Delpy-Ne¦ügret-COPIE


Salut, 

je reviens avec un autre texte qui tourne (globalement) autour de la même  problématique que celle  de la semaine dernière mais du côté plus solaire. Du côté du love. 

Le texte, encore, a un peu plus de 3 ans. 

Je vous souhaite un très bon dimanche et vous dis à très vite.

« T’as pas envie qu’on aille se balader en ville, il fait beau. Et puis ça serait pas mal de sortir un peu du lit, non? » 

Il a prononcé ces paroles face à elle, nu, les mains sur la hanches, quasi à la Peter Pan. 
Elle, encore sous les draps, la culotte au pied du lit avait souri à l’écoute de la dernière phrase. C’est vrai qu’ils ne sortaient plus beaucoup de son tout petit appartement d’étudiante depuis qu’ils s’aimaient. 

 Leur environnement se résumait à ces 23 m2 d’une petite rue à Nancy, une résidence cachée dans les hauteurs de la ville. Une pièce unique, moquette marron du sol au plafond, etouffante probablement mais ils ne s’en rendent pas compte. Un couloir avec des placards dans lesquels elle met ses vêtements qu’elle a de plus en plus nombreux. Une salle de bain jolie avec une toute petite baignoire dans laquelle ils réussissent à se mettre tous les deux, presque confortables. 

Ils y restent assez longtemps en écoutant les albums de Gotan Project ou celui d’Helena Noguerra, Azul, composé par son amoureux de l’époque, Philippe Katerine, une bossa Nova susurrée, agréable avec le bain moussant. 
Nus la plupart du temps, ils passent leur temps, à s’aimer, à rire, à boire des litres de thé aux fruits rouges, à regarder des films des heures et des heures et surtout à se rouler des milliers de pelles. 


« Oui t’as raison il fait beau ». 

Cheveux défaits, elle s’assoit au bord du lit, enfile sa culotte et court à la salle de bain. Pas de douche, juste un coup d’eau, un peu de blush, c’est mieux, mais pas plus, le maquillage quand on est amoureux, on ne va pas se mentir, c’est complètement superflu. 
Elle peut passer des heures devant son armoire à se changer, jamais satisfaite de son apparence. Elle ne s'aime pas beaucoup. En tous cas pas toujours. 
Et croit qu'elle est versatile parce qu'elle aime les choses à la mode et même si ses moyens sont modestes, elle trouve toujours le moyen de se débrouiller. 

Mais là, après l’épisode du blush et des cheveux démêlés au doigt, elle court mettre un jeans, le premier qu’elle trouve, un 501 élimé très beau, qu'elle porte depuis sa seconde, et en haut la chemise à carreaux du dit Peter Pan qu’il a laissée là, sur le clic-clac défait. 

Elle l’enfile, met 3 boutons, le buste est dégagé, elle est prête. 
Et c'est comme ça, en 10 fois moins de temps qu'à son habitude, elle l’attend. Elle s'est dépêchée pour le regarder s'habiller. 

Clé dans la serrure, voiture démarrée, clignotants, feux verts / feux rouges, soleil qui tape, pare-soleils descendus, mais ça ne suffit pas, alors on enfile les Ray-Ban, le bras par la fenêtre, un baiser dans son cou, Dieu qu'il est beau de profil, main dans ses cheveux et caresser sa nuque.

« Là y a une place », ticket pris dans l’horodateur, ils se dirigent place du marché. 

Il fait beau et vachement doux. Elle voit son reflet dans une devanture de magasin, elle n’a pas été habillée si simplement depuis des mois. Elle se regarde vite, ne pas se faire prendre la main dans le sac à force d'être narcissique, ses yeux habitués vont de bas en haut, elle aime vraiment ce qu’elle voit. Elle se trouve belle avec sa chemise comme ça, déboutonnée presque trop. 


Ils ne se parlent pas, ils marchent là comme ça, au milieu des autres sans que les autres ne soient vraiment là. 

C’est la première fois de toute sa vie qu’elle aime comme elle l'aime. Jamais le coeur n’avait palpité autant. 
Jamais, aussi banalement que ça puisse paraître, elle ne s’était sentie aussi vivante que depuis qu’ils s’aimaient elle et lui. 
C’était tellement fort en elle qu’elle acceptait la vie comme était, que si elle devait mourir demain, ça lui était égal, l’immensité elle avait vu ce que c’était, alors qu’est-ce que la vie pouvait bien lui montrer de plus beau que ça? Rien. Là, avec lui dans sa main, en silence, marchant, mesurant la chance qu’elle avait d’être elle et d’être avec lui, elle se sentait à la bonne place, connectée à tout l'univers. C'était fort, elle avait aucun mot. 
Les Zara, H&M et autres boutiques si familières, si distrayantes à son habitude, ne présentaient aujourd'hui, à la place où elle se trouvait (la tête dans les nuages), pas le moindre intérêt. 

Elle est rentrée dans l'un d'eux, pour dire qu'ils n'étaient pas sortis pour rien, mais rien à faire, tout lui paraissait assez moche, rien ne lui faisait tellement envie. 
Ils sont ressortis indifférents à ce qu’ils venaient de voir. Pas un vêtement, pas une chaussure n’était monté dans son désir. 
 Elle, elle voulait surtout rentrer, mettre l’eau à chauffer, choisir un thé fraise des bois un peu cheap en vrac, le faire infuser, en même temps enlever sa culotte, déplier le lit, et l’embrasser. 
C’est là, en sortant de chez Zara rue Saint Jean à Nancy qu’elle a vu qu’aucun vêtement ne lui ferait se sentir comme ça, indifférente au monde et à ses problèmes. Et se sentir bien. Profondément calme. Il n’y avait que lui en fait qui réussissait à remplir ce vide-là.

Commentaires

Anonyme a dit…
YEEEES !!!!
stike Marie !! :)
bisou et bon dimanche !
Anonyme a dit…
(je voulais dire STRIKE évidemment, mais l'enthousiasme, toussa, toussa...
signé : la même que plus haut)
ziloa a dit…
c'est tellement ça... l'intensité de l'amour.
Minka a dit…
Bonjour Marie, je crois que c'est mon premier commentaire ici, mais ça fait des années que je te lis avec grand plaisir. Je serai de celles (et ceux) qui achèteront ton roman s'il advient.

J'avoue avoir été plus touchée par le texte précédent que par celui-ci, du coup je vais essayer de faire une critique constructive :). Il y a de jolies choses, une palpitation sensible par moments, on croit à ce couple, le bout de dialogue fonctionne, mais à d'autres moments c'est moins fluide, on ne sait plus si on est dans la fiction (ce qui parait évident au début) ou pas (et pas d'une façon fluide comme dans l'autofiction), et puis les dernières lignes me paraissent un peu "moralisatrices", comme la fin d'un conte pour adulescents, tu vois ?

Voilà, j'espère que la critique est bienvenue, j'ai aussi l'envie d'écrire depuis pfiooooooouuuuuuuu et je sais combien les retours sont nécessaires et ... agaçants aussi :)

Merci pour ce lieu et tout ce qu'il offre depuis des années (et merci pour Take this waltz que je n'aurais jamais vu sans toi et que j'aime beaucoup beaucoup).
Unknown a dit…
J'aime beaucoup, c'est beau à lire et à imaginer...
Ele a dit…
C'est beau. L'amour des débuts, tu retranscris cette fusion tellement bien.
Cécile a dit…
C'est beau Marie! merci pour tous tes partages ici, c'est très courageux!
Je te souhaite une belle continuation pour tes écrits
audrey sasha a dit…
ENCORE!!!!!!!! La suite!!!!! c'est top!!!!!
eli a dit…
bonjour Marie,

Merci pour la découverte de Retour à Reims
Je vais en voir une adaptation au theatre la semaine prochaine sur Metz.

Je suis aussi fan d'Annie Ernaux et pour les questions de classe , de son ressenti à son époque année 50 -60
l'as-tu lu?

J'aime beaucoup ses romans, mais le Vrai lieu est un entretien, je trouve très intéressant son explication de son rapport à la literature.
Qu'est ce qui fait la difference entre se raconteur, du journal intime au récit.


et question, toi qui habite près de la mer et fan de Rohmer , tu l'as déjà vu le Rayon vert?
J'aime beaucoup ce texte, je suis rentrée directement dedans et je n'ai levé le nez de mon écran qu'à la fin ... un peu déçue car je m'y était plongé comme on se plonge dans un livre et j'avais bien envie de continuer à les lire.
eli a dit…
en tout cas je vois que ces textes captent mon attention.
Marie a dit…


Anonyme: <3 <3

ziloa: Grave…

Minka: Je suis tout à fait d’accord avec toi, je le trouve moins bien, moins fluide, en le postant c’est ce que je me disais aussi.
Merci pour tes retours et merci d’avoir posté un premier commentaire ça me fait super plaisir.

Sarah : <3 Lov U

Ele: Oh merci

Cécule: Merci beaucoup

audrezy sasha: <3 Merci Audrey d’être là depuis tout ce temps…

eli: Ou j’ai lu (en ce début d’année…) et aussi le Vrai lieu que j’ai beaucoup aimé. Sa sobriété au sens général est très intéressante je trouve/
Ouij’ai vu le Rayon Vert et c’est des rares Rohmer auxquels je n’ai pas tant accroché. (Avec la femme de l’aviateur). Mais c’est bizarre pour Le rayon vert parce que tout normalement aurait dû me parler… Je crois que c’est la voix de marie Rivière qui m’agace un peu…

La petite-bête17: Oh merci ça me touche vachement.

eli: <3

Anonyme a dit…
trop bien, l'ambiance est tellement bien rendue, traversée par le soleil et tout, on s'y croirait.
juste pour chipoter, les quelques phrases de dialogue cassent un peu le rythme je trouve, le discours indirect aurait peut-être été plus adapté. bon, ça n'engage que moi et ça n'enlève pas à la qualité du texte
en tous les cas, brava, j'arrive un peu après la bataille mais j'ai hâte d'en lire d'autre

sara
Anonyme Amande a dit…
C etait qui encore cet acteur de la photo ? il etait magnetique...

J ai bcp aime ce que tu as ecrit la, vivrais tu l ecriture comme une therapie aussi...?
Merci et bcp de bisous

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