GRASSOUILLETTE
(Petit son moite sympatoche du printemps)
Je suis devenue une fille en chair. Une fille grassouillette. Depuis 4 ans j'ai nettement grossi.
Mes petits os (ils sont très petits) sont maintenant bien recouverts et depuis mon arrêt de la clope, j'affiche 15 kilos supplémentaires sur la balance (ce qui ne doit en aucun cas être un frein pour arrêter de fumer bordel, hein!)
J'ai dû mesurer mon IMC il y a quelques temps (un truc médical)et je me suis rendue compte que j'étais à quelques grammes du surpoids. Oh putain, sérieux?
C'est une expérience relativement nouvelle pour moi et ce poids et le rapport à mon corps sont devenus un baromètre très intéressant de mon état intérieur.
Je crois que dans le fond je m'en tamponne le cul de ma prise de poids (pas toujours mais je vais développer) .
Ce qui compte fondamentalement pour moi, c'est ma santé. Rien de plus. Je veux dire objectivement quoi d'autre a une quelconque importance?
Je me suis demandée si les kilos pris étaient une mauvaise chose pour ma santé et je n'en sais trop rien mais mon médecin n'est pas tellement inquiet donc je verrais ça pas la suite.
Je vous l'ai déjà dit, j'aime manger, ouais j'adore ça, je trouve ça trop bien... Donc il doit y avoir un lien (ça et les clopes et d'autres trucs comme l'âge peut-être).
Être un peu grassouillette m'a fait prendre conscience de quelques trucs:
1) Faire du sport est plus difficile puisque je dois me porter. C'est l'aspect le plus relou de la chose et le vrai truc qui me donne envie de maigrir.
2) Apparition de complexes et de difficultés à me saper. Je me sape simple, hardcore normcore, et c'est peut-être par pure habitude ou par matraquage social mais je trouve que ça sied mieux à une silhouette plus élancée. Donc je me galère ma race parfois...
3) Mais surtout, mon corps est devenu un parfait baromètre de mon humeur.
Je ne crois pas ne pas aimer être plus ronde, je crois même que ça n'a guère d'importance. Aucun des aspects de ma vie, hormis le sport n'est modifié par la taille de mon corps.
Evidement chacun (enfin parfois, ces choses ne sont pas si courantes) y va de sa petite réflexion sur la taille de mon boule mais ce que mon nouveau corps me permet surtout de savoir, c'est comment je vais au fond.
Deux options:
- Si je vais mal je regarde mon corps comme s'il était hostile, il est comme extérieur à moi. Lui n'est pas moi, il est différent, on ne fait pas qu'un comme il le faudrait.
Je ne me reconnais pas et me dis qu'arrêter de fumer n'était pas sans conséquence et ça me fout les boules parce que je trouve ça injuste. Vous noterez un sens du juste et de l'injuste très développé chez moi rapport que j'ai 7 ans.
- Mais les jours où je vais bien, je me trouve parfaite aussi imparfaite que je suis. Je suis reconnaissante et c'est tout.
L'apparence de mon corps ne change pas, seul mon regard dicte ma réalité.
La vérité de ce corps qui n'existe que dans ce que je pense, ressens de lui, il n'est pas objectif, il n'est que ma propre subjectivité du moment.
(Phrase de beau gosse ;-) )
C'est captivant de voir à quel point je passe d'un extrême à l'autre.
L'acceptation de mon corps plus gros dans les bons moments me donne le sentiment d'être dans le juste. Le juste c'est toujours l'amour de soi. Rationnellement il n'y a pas d'autres options que celle d'être heureuse de ce corps là. Lutter contre promet de grands instants de tristesse dont on peut très clairement se passer (je vous renvoie au manuel d'Epictète qui apaise bien les questions à ce sujet).
Penser le contraire serait comme une trahison envers lui... Je me sens dans le faux dans les moments où je ne suis que complexe, c'est cet état qui me paraît être anormal... mais je n'ai pas toujours la sagesse de penser comme ça.
Je ne sais pas si je maigrirais, peut-être que non, mais la solution se situe dans le regard, juste là. Uniquement dans le regard, il est la seule chose à travailler profondément pour accepter de se sentir bien, ici et maintenant.
This is my fucking new mantra: Être au mieux, être bien ici et maintenant.
Bisous smack.
Commentaires
Le but ultime de la nostalgique passéiste que je suis...y a du taf.
Des bises
D.
Merci de nous partager cela, ça me fait du bien. Tes textes me font du bien.
Tout ce que tu écris est si vrai et cela me console de penser comme toi:). Je me sens moins seule.
Oui, je ne suis pas dans les normes niveau poids , les normes de la mode, les normes sociales actuelles, mais je suis en forme, je profite de la vie (parfois un peu trop).
Comme la fille de l'encre, je me permets de partager ton article.
Bise
Un jour je me dis: "Fuck les diktats de la maigreur, j'aime manger, j'aime la vie, je m'aime!" et le lendemain, bardaf, je déprime et je veux maigrir. C'est très étrange ce rapport changeant à notre corps, j'espère réussir à faire la paix une bonne fois pour toutes, j'avoue.
"L'apparence de mon corps ne change pas, seul mon regard dicte ma réalité". Marie, la philosophe que j'aime.
Célestine
Je ne sais pas ce que ça fait de "devenir" grassouillette, vu que je l'ai toujours été. Par contre je sais ce que ça fait d'être une grassouillette qui devient sportive... En effet, au début c'est dur! Ca en fait des kilos à porter. Mais je te rassure, ça ne durera pas! Le corps s'habitue, on se muscle et on dépasse les nanas minces pendant le jogging du dimanche (hin hin).
Ah, et un corps grassouillet/musclé c'est très agréable à vivre :)
Cerise
Certains jours je me dis que j ai de la chance d etre fine comme ca a bientot 40 ans, et que tant que je peux enfiler le meme jeans, no worry.
D autres jours je me trouve degueulasse avec ce ventre qui s est tellement elargi que je n ai plus la moindre taille, quand je vois ces joli robes a present trop serrees et mes cuissots et mes fesses qui ramolissent...
Cependant je crois que le vieillissement sera beaucoup plus difficile a gerer pour moi que les variations de poids, sans doute parce que je sais que je peux encore me remuscler ou maigrir, tandis que je ne recupererai jamais mes 30 ans....
J'ai enfin un rapport également apaisé avec mon corps voire parfois admiratif: mes jambes et mon cœur sont encore capables de courir 1 heure plusieurs fois par semaine, mon petit bedon arrondi a porté deux beaux garçons,.... et tout cela en dépit d'une alimentation désastreuse (je hais les légumes et la salade de tout mon être et j'apprécie les bons vins.....)
Donc CARPE DIEM.....
C'est toujours un plaisir de te lire, j'adore prendre le temps de lire tes articles parce que je m'y retrouve toujours un peu, et puis parfois, ça me fait un réflechir !
Merci pour ça ;)
Ça fait longtemps hein ? ;-)
Je suis assez d'accord avec ce que tu dis, et je te soutiendrais dans l'idée de c'est pas une nécessité de maigrir, entre debut des études et fin des études, +10/12 kilos.
Le cap le plus important c'était de passer au dessus de 80kg pour moi qui avait toujours était une allumette, mais au final, dans ma manière de vivre, dans ma manière de me regarder, je le vis très bien, et je ne m'en plains pas :)
La bise !
Mes amies qui ont la 50aine disent toutes la meme chose, que ce cap est plus facile a passer que celui des 40...
Je fais aussi plus de sport a 39 ans qu a 29, et je ne vis que pour le fromage et le vin blanc !
Je vais tacher de suivre ton conseil, d autant plus qu il n est pas impossible que ma 40aine soit aussi synonyme de 2eme enfant !
Bises
Et je n'ai pas l'impression que tu sois "grassouillette" même si ce mot est plutôt mignon, je te comprends tellement quand à la subjectivité que l'on a vis à vis de son corps. Perso selon mon degré de bien-être, quand ça va pas fort, mon corps se "dilate" et je peux prendre presque une taille de jeans sans que le chiffre de la balance de ne bouge, alors j'y crois beaucoup à ton mantra, d'autant plus que certaines femmes pulpeuses et bien dans leurs têtes sont belles, alors effectivement le poids dans tout ça n'est que la partie visible de l'iceberg, si l'on peut dire... Belle journée à toutes/tous
Un truc que j'essaie de faire quand je me regarde dans le miroir, que je n'y vois que des défauts et que ça commence à m'angoisser : je me calme, je respire et j'essaie de rentrer à l'intérieur de mon corps, en fait j'essaie de réintégrer mon corps, de me regarder de l'intérieur et non de l'extérieur. Et il se produit un truc chouette : je me sens bien, je n'ai mal nul part, je me sens en bonne santé, je respire bien... et c'est le plus important. Après je me fais un grand sourire et souvent ça va mieux.
Caroline
Anonyme: des bises et courage
Anonyme: <3
la file de l’encre: Merci :-)
excapadesamoreuses.com: Merci pour le partage et merci pour le commentaire.
Magrielle Slk: Ah c’ets amusant, moi je préfère sapée… Bise
renardeau: j’adore ce mot aussi….
Les causettes de Celestine: <3
Cerise: C’est vraiment le seul aspect relou…
Amande que j’aime: « dégueulasse » pour parler toi c’est pas tolérable mon petit chat… C’est ce quelle retiens <3
Pascalou: merci pour ton expérience, ça peut rassurer
Jess: Grave…
Nolwenn: Merci Nolwenn
aemi: oui c’est normal de prendre, là ça commence à faire quand même longtemps, je me demande si ç’est pas mon poids « normal »?
je t’embrase
Olivia: J’ai toujours été mince aussi (menue même) , ça m’a donc fait bizarre au début.
merci et bisous
Do: Oui grave ;-)
C’ets marrant comme ce qui peut être perçue comme un truc angoissant s’avère être vécu plutôt sereinement finalement…
Je t’embrasse
Cécile: Oui je trouve ce mot mignon.
Tout à fait d’accord avec ce que tu dis…
Bisous
caroline: excellente idée, je tenterai! Merci
Je ne suis jamais dans le juste. J'essaie, mais je n'y arrive pas.
J'ai eu perdu du poids, près de 10 kg, mais quand je me regardais, surtout sur les photos, je ne me reconnaissais pas. Ce visage n'était pas le mien. J'ai toujours vécu avec un petit surpoids, aussi loin que je me souvienne. " Oui mais noooooon tu n'es pas en surpoids, en plus tu es grande". Mais en fait, grande ou pas, l'IMC me fait comprendre les choses.
Je sais pas si j'y arriverai un jour à me sentir bien dans mon corps. Ce corps et mon âme ne sont pas potes, parfois, ils arrivent à s'entendre, 65 jours par an.
Mais ce corps, je n'arrive pas à me dire que c'est le mien. Je ne le maîtrise pas, je suis parfois à l'extérieur de lui, et je le vois se déplacer en se cognant.
Merci Marie pour ces mots avec une terrible mais néanmoins réelle justesse.
Manon
Je me dis : "tu dois louper un truc". Alors, je me mets à me scruter : un peu de cellulite par ci par là, une peau des jambes qui ne sera jamais comme dans les pub Vénus car elle devient rouge vif à la vue d'une bande de cire ou d'un rasoir, la machoire pas totalement symétrique si on regarde en plissant l'oeil droit...
Pourtant, tous les facteurs objectifs de montrent qu'il n'y a pas de réel problème : mon poids sur la balance et la taille de mes vêtements m'indiquent que je suis mince, je suis sportive et je suis généralement rangée dans la catégorie des "petites mignonnes" depuis la fin de mon long et pénible âge ingrat. Alors pourquoi tant de haine ? J'ai des pistes, je paye une psy très cher pour tout ça, mais j'avance peu.
Je t'envie jolie Marie, j'espère un jour pouvoir clamer moi aussi ton fucking new mantra.
C'est d'une bêtise affligeante, mais je crois que je ne me sens chanceuse que lorsque je croise des handicapés dans la rue...et pourtant, n'y a t il a plus grand luxe que de ne pas sentir son corps? J'ai honte quand je m'en rends compte.
Pas de douleur chronique, pas de sensation de "devoir me porter", une bonne forme parce que j'ai la chance de pouvoir bien me nourrir...ça m'énerve de ne pas éprouver un peu de gratitude + souvent, et de laisser la cellulite, les fesses qui bloblotent, une bosse sur le nez et quelques cicatrices par ci par là occuper mon attention.
Merci pour le rappel, moi aussi il faut que j'adopte ton mantra!
Je t'embrasse !
Je te lis depuis 2/3 ans. J'aime beaucoup ta sincérité et ton humour. J'ai 36 ans et j'aime beaucoup manger, surtout du sucré. J'ai perdu du poids en mangeant moins (programme WW pendant 5 mois). J'ai aussi arrêté la pilule. Depuis, je me sens moins "bouffie" par les aliments industriels et la contraception chimique. Prochaine étape, la reprise de la course et de la natation. Bises à toi et merci.
Et je suis complètement d'accord. J'ai 40 ans, mon corps (mince) a changé depuis quelques années. Moins ferme, un peu de cellulite, des varices (si, si, si). Et j'en suis arrivée à la même conclusion que toi.
Merci, merci et bisous
Encore une fois, chouette texte.
J'appartiens à la "catégorie des minces", mon corps correspond dans l'ensemble aux standards de beauté de notre époque.
C'est donc pour moi assez facile d'être critique par rapport à notre société et ses diktats. ..
Mais en fait, après mon accouchement, il m'a fallu à peu près un an pour récupérer mon poids et c'est à ce moment là que je me suis rendue compte que tout le travail que j'avais fait, notamment avec le féminisme, de deconstruction des normes, finalement était assez superficiel! Tout à coup, mon corps devenait un objet extérieur que je regardais sans douceur ni amour. M'en rendre compte m'a bien sûr aidé à relativiser et à essayer de m'accepter tel que j'étais à ce moment là. Depuis, j'ai retrouvé mon poids...et comme toi, la manière dont je me regarde est un bon baromètre de comment je me sens. ... j'arrive quand même la plupart du temps à me voir me dévaloriser et à ce moment là, j'essaie de réajuster. ...
Cette expérience aura été intéressante parce qu'elle m'aura permis d'aller au delà de la théorie...mais aussi de me rendre compte que le travail de deconstruction des normes n'est jamais fini ! La société est tellement forte, ça t'entoure depuis ta plus plus tendre enfance....il faut être vigilant-e tout le temps. ..
Enfin un des bouquins qui m'a vraiment permis d'entamer une réflexion sur le rapport à Montpellier corps: Mon corps est un champ de bataille. Je te le conseille vivement!
Bonne continuation !
SolenKa :)
Encore une fois c'est un vrai plaisir de te lire; j'aime ta sincérité, ton humour, et tes réflexions toujours justes. Et puis, cet article tombe à pic. Je fais partie de la norme, et suis plutôt dans la catégorie des minces, en tous cas vu de l'extérieur. Ceci dit, depuis quelques années j'ai cumulé quelques kilos qui ne me plaisent pas; j'en arrivais à un point où j'avais envie de pleurer et de m'insulter devant le miroir, détestant ce que je voyais, et sans reconnaitre le reflet en face de moi. Comme si mon corps et moi n'étions pas du tout la même personne. Pour autant rien n'a changé, je n'ai rien mis en place pour me plaire davantage. Puis dernièrement, électrochoc: je ne peux pas continuer à vivre en séparant mon esprit et mon corps; je ne suis qu'une seule et même personne. Le sport ayant toujours été un calvaire pour moi, je m'y suis mise parce que cette connexion corps/esprit ne m'était jamais apparue et si je veux avoir un corps qui me plait de nouveau, je me dois de tout reconnecter. Bref, je ne m'arrête plus de me raconter, je stopperai donc après avoir dit que ton article me parle vraiment, et je suis ravie de le lire en étant dans cette période de réadaptation !
Boule
tu vois moi j'ai passé toute mon enfance et adolescence à être malheureuse par rapport à mon poids parce-que je ne comprenais pas pourquoi il dérangeait tant les gens, alors que moi j'ai toujours (presque) été bien dans ma peau et dans ma tête même avec tous mes kilos soit disant en trop!
cette histoire de poids est vraiment une grosse connerie à mon sens, l'énergie qu'on met à perdre du poids serait tellement plus utile et efficace si on la mettait au profit de l'acceptation de soit!
mais malheureusement dans nos sociétés, l'acceptation de soit ne suffit pas pour être socialement acceptée et c'est bien dommage! heureusement avec l'age ça passe et normalement (sauf les cons) les gens s'en tapent de ton poids passé le lycée...
enfin tout ça pour dire que je trouve que c'est délirant l'importance que prend le poids et plus généralement, l'apparence dans nos sociétés, j'en viens limite à culpabiliser des fois quand je vois des filles qui font ultra attention à tout ce qu'elles mangent alors qu'elles font 15kilos de moins que moi...
depuis aussi longtemps que j'me souvienne, je traine cette vieille idée comme quoi, ce qui va mal dans ma vie est dû à mon surpoids... pour te dire jusqu'où ça peut aller cette histoire de poids... à 27ans je commence peu a peu à me libérer de ça, mais quand 'la vie' occidentale, te rappelle chaque jour que tu n'es pas normale parceque tu pèses tel ou tel poids, j'te jure qu'il faut avoir un mental d'acier pour ne pas partir en vrille!
mais tu sais quoi, j'ai parfois l'impression que ça dérange énormément les gens, de voir quelqu'un être heureux, tout en menant une existence en dehors des 'standards' je pense qu'il y'a vraiment une piste a explorer de ce côté là, c'est en tout cas ce que je retire de mon expérience personnelle.
je digresse, mais ton post appelle ça chez moi alors je partage :)
des bises (sorry j'ai été un peu longue)