MINIMALISME 5, LE CHOIX



Une petite conférence Ted que j'i trouvée très pertinente dans l'absolu
mais aussi pour notre problématique autour de la compulsion et de l'épure. 




Reprenons notre réflexion autour de l'épure entamée ici, ici, ici et là.

Barry Schwartz, le mec de la vidéo Ted, est un psychologue américain.
Il est bien possible que vous n'ayez pas le temps de regarder la vidéo donc laissez moi vous la résumer et surtout l'illustrer avec quelques exemples perso. C'est très intéressant et finalement bien logique.

Il parle de choix, des choix que nous avons dans notre existence et de ce que ces prises de décision impliquent.

Un des postulats de base pour être heureux (oui le mot est galvaudé, mais en attendant d'avoir mieux on va le garder) c'est que: plus les gens ont de choix, plus ils sont libres et plus ils sont libres plus ils ont de bien-être. Basique mais quoi de plus logique dans notre société de consommation ou pour que ça tourne il faut que l'argent rentre et que nous achetons encore et encore.

Donc, il y a dans nos sociétés énormément de choix.
Barry (ouais on est intime) donne cet exemple du nombre de vinaigrettes qu'il peut trouver dans son supermarché... 175 sortes de vinaigrettes différentes. Barry a 175 variantes d'un même produit dans un même magasin... Mais bordel pourquoi?

Et c'est là qu'il commence à nous faire part des réflexions et interrogations que tous ces choix, permanents et importants ont comme conséquence dans notre existence.

Il précise plus tard dans la conférence que ses réflexions ne sont pertinentes que dans nos sociétés occidentales opulentes et que bien sûr avoir du choix c'est mieux que ne pas en avoir mais cela ne veut pas dire que beaucoup de choix est mieux que un peu.

Grosso modo si tout est choix, l'angoisse de faire le mauvais (choix) est nettement supérieur au sentiment de "liberté"  que l'on peut ressentir.

A / La paralysie est une conséquence de trop de choix (à mettre en parallèle avec ce dont on parlait dans les deux derniers posts 2005-2015 et l'exclusion de la peur). 

Donc les deux effets négatifs du choix sont: (je ne vais faire que le citer, reprenant ses phrases mot pour mot)

1) La paralysie plutôt que la libération, il est difficile de choisir de peur de faire le mauvais choix qui nous incombe.

2) Si on arrive à dépasser cette paralysie, nous sommes finalement plus insatisfaits que si nous avions moins de choix puisque les alternatives imaginées me font regretter ma décision et le regret se soustrait à ma satisfaction et ce même si j'ai pris la bonne décision.

B / Les coûts d'opportunité: La valeur que nous donnons aux choses dépend de ce à quoi on les compare.
Internet a amplifié ce sentiment rendant le loin à ma portée visuelle et donc presque réelle pour mon cerveau.
Par exemple, le phénomène "next-door girl" des blogueuses mode (à l'origine) a eu une étrange conséquence, comparer mon armoire à la leur laissant libre cours à une comparaison absurde.
Même si j'aime mes tote-bag, mon impossibilité d'acheter un 2-55 de Chanel peut déprécier le plaisir que je peux avoir avec mon sac en tissu.
C'est un exemple puisque je m'en tamponne le coquillard des sacs de luxe mais c'était pour illustrer.


C / Escalade des attentes: Barry prend l'exemple du jeans.
Avant il n'y avait qu'un jeans, le 501, donc si je voulais porter un jeans, je ne pouvais acheter que lui.
Il était inconfortable pendant quelques semaines et après ça roulait.
Quand il a dû racheter un jeans quelques années plus tard, il a été soufflé par l'offre de jeans proposée: nouvelles matières, des tas de coupes différentes, des usures, des trous, des couleurs...
Face à ce choix et après son achat, il n'est pas ressorti plus satisfait mais moins que quand il avait acheté le seul jeans existant sur le marché.
En fait avec toutes ces nouvelles options de jeans, ses attentes avaient tout simplement augmenté.
Faible attente quand il n'y a qu'une possibilité mais recherche de perfection s'il y a une large offre.
Donc comparé à ses attentes, il a été déçu.

On n'est plus agréablement surpris par les choses car nos attentes sont maintenant très élevées.
Et puis quand il n'y avait qu'un seul jeans, s'il était inconfortable et imparfait c'était de la faute à la société (enfin à la boîte qui construit les jeans) alors que maintenant si je suis insatisfait, au vu de l'offre, j'ai le sentiment d'en être responsable.

Quand les gens prennent des décisions, même si leurs choix sont les bons, ils se sentent déçus et ils s'en veulent.
Dixit Barry être heureux, c'est avoir de plus faibles attentes.

Sortons deux secondes de la conférence et analysons mon cas spécifique, l'offre pléthorique m'angoisse.
C'est sûrement l'une des raisons pour lesquelles j'aime les restos avec une carte où il n'y a que 3 plats (plus je comprends pas l'intérêt), que je n'aime pas les grands supermarchés, que je porte le même jeans quasi depuis 18 mois. Un H&M noir défoncé, troué, usé mais qui régle mon problème de ce que je vais porter. Et c'est peut-être aussi pour cette raison que le fameux "j'ai rien à me mettre" est si développé. Le trop n'est pas la garantie du bon.

Alors même que j'ai trop consommé de vêtements, je n'aime pas choisir ce que je vais porter le matin, ça m'ennuie à un point de faire des effets de toilette vous pouvez même pas vous imaginer.
Ca me soule, ça prend du temps pour un apport quotidien que je ne comprends finalement pas.
C'est d'autant plus bizarre que j'ai trop accumulé mais ma nature profonde se situe souvent dans la quasi-absence de choix pour ces choses du quotidien, j'aime quand c'est réglé, calibré et que ça ne nécessite quasi aucune prise de décision. Comme ça, mon capital choix je le mets ailleurs et c'est mieux.

Allez salut les copains, passez un bon week-end.

Marie aka la meuf qui s'habille pareil tous les jours



Commentaires

naelia a dit…
C'est le retour à l'uniforme :)
Marline a dit…
Je trouve cette réflexion très intéressante.

Pour mon cas, de on va dire mes 12 ans à mes 19 ans, je préparais mes habits chaque soir, la veille pour le lendemain. Ça me prenait un temps fou, mais vraiment, un quart d'heure au plus court, une heure et demie au pire !
J'avais beaucoup de vêtements et surtout un "turn-over" constant, j'achetais toutes les semaines ou presque.
Après ces "séances essayages du soir", je me sentais mal, moche (bon, l'adolescence aussi, ça n'aide pas).

Quand j'y repense, je n'arrive pas y croire, c'est fou le temps que j'ai perdu.

Depuis que j'ai simplifié ma garde-robe, je mets chronomètre en main 30 secondes pour choisir mes vêtements. Comme tous mes vêtements vont ensemble, quelque soit le temps, je gagne un temps fou.

Et je ne suis jamais sentie aussi bien dans le rapport que j'ai à mon image.
En plus je pense le problème de "j'ai rien à me mettre", ça conduit à beaucoup se regarder dans le miroir (quand on vide son armoire pour trouver sa tenue du jour) et ça n'aide pas à prendre du recul (et de la bienveillance, surtout) par rapport à soi.

Même si je varie les tenues, c'est sûr que je porte toujours les mêmes fringues. Mais franchement, quelle délivrance :)
Maud a dit…
AH mais c'est trop marrant comment ça tombes pile encore une fois. J'ai juste passé mon aprem à regarder des vlogs minimalistes, des idées pour partir en voyage avec le minimum et à chercher les vêtements de ma garde robe idéale.

Et tout comme toi, même si le choix ne m'angoisse pas j'ai besoin d'avoir quelque chose de parfait. Du coup je n'achète pas parce que je ne trouve pas ce que je veux. Et du coup je me plains aussi parce que je porte le même jean bleu marine Zara tous les jours.

Bon faut dire que j'ai une idée ultra précise de ce que j'aimerais avoir mais de un je déteste faire les magasins/fouiner sur internet. De deux, c'est chaud quand comme moi tu détestes acheter quelque chose qui n'est pas de qualité et de te dire que non tu ne peux pas acheter un pull en cachemire à 200 euros quand tu as 20 balais.

Du coup je vais soit revoir mes goûts de luxe, soit économiser, soit je vais continuer à me plaindre. :D Grosse relou quoi.
Maud a dit…
Et (oui je suis neuneu j'ai pas fini mon commentaire) c'est marrant parce que toi c'est les vêtements à choisir le matin qui te saoulent, moi c'est me maquiller. Ca m'insupporte, j'ai l'impression que je perds un temps fou (pourtant je fais pas grand chose). J'adorerais ne pas me maquiller, malheureusement vu ma tête c'est pas possible (peau d'ado bonjour).
Anonyme a dit…
Avoir le choix, ce n'est pas être libre.... voici une citation de "Jiddhu Krishnamurti" La liberté n'est pas une réaction; la liberté n'est pas le choix. C'est la vanité de l'homme qui le pousse à se croire libre par le choix dont il dispose. La liberté est pure observation, sans orientation, sans crainte ni menace de punition, sans récompense. La liberté n'a pas de motif" .....
EMI. a dit…
Moi aussi. Au moins je me pose de questions au mieux je me porte.
Je ne porte pratiquement plus que des robes depuis que j'épure mon armoire. Sauf au printemps, où j'estime que c'est moins de saison.

Et c'est on ne peut plus facile. Je prends la première robe venue (celle qui me tente le plus le matin même) et je la porte systématiquement de la même manière. Enfait, je porte toutes mes robes de la même manière. J'ai deux gilets noirs, un collant noir et quelques paires de chaussures (des bakets, des plates et des boots à talons).

Et c'est réglé. Je ne me pose jamais de question. A ce niveau là. Après, j'ai une armoire essentiellement noire. Et c'est ça qui à chaque printemps me déprime. Je compte y remédier.

Je porte presque pas de bijoux, donc l'accessoirisation d'une tenue ne se pose jamais.

A part à de rares exceptions, ça me va très bien.
C'est seulement quand je me compare aux autres, que j'ai du mal. Je bosse à Bruxelles dans une agence PUB. Le milieu est assez mode. Et ça, je ne le suis pas du tout. Ou quand je suis mal dans ma peau.
Kelpaich a dit…
C'est ce que je dis toujours: "trop de choix, tue le choix". Au restaurant je suis un cauchemard, j'ai envie de tout goûter, comme j'ai envie de voir le monde entier (et je sais que je n'aurai pas assez de temps pour le faire, car le monde est trop grand). Alors à la place de ne pas savoir quoi choisir et d'être paralysée et de ne finalement rien faire: je prends une décision, je fais un choix (voir technique dans dernier commentaire... ;-D), et au moins ce sera toujours ça de fait ;-)
Bon sinon, je trouve que des fois, le maquillage ou les habits sont une sorte d'armure bien pratique: à ne pas utiliser sans modération, mais après tout on a tous droit à ses coups de grisou.
Je vais devenir une commentatrice assidue à ce rythme là! ;-)
Bon allez... Je ne sais pas ce que je fais ici, j'ai un exam dans 2 heures (oui un dimanche). Business et Marketing dans le system de la santé: bonjour le choc des cultures pour une kiné française! Les américains font vraiment du Business pour tout, c'est abusé (je le dis parce que c'est un peu dans le ton du jour, je trouve, non?)
Clue a dit…
Salut Marie

en ce qui me concerne, en ce moment j'ai des choix importants à faire, et j'ai besoin de pouvoir me concentrer sur eux et seulement sur eux. J'ai pas envie et pas assez d'énergie pour devoir aussi choisir entre des vêtements, des objets divers, etc.
C'est cela que le minimalisme nous apporte: la possibilité de se concentrer sur les choix les plus importants.
Après, chacun fait comme il veut naturellement. Mais de mon côté, si j'ai trop de choses, ça veut dire pas assez de temps et d'énergie pour les trucs cruciaux (boulot, choix de vie, etc.).
Donc je suis un peu comme toi : pour certaines choses désormais il faut que ce soit calibré et réglé, point. J'adorerais avoir du temps et l'envie de faire des associations de fringues un peu pointues, mais la vérité c'est qu'en ce moment j'ai pas ce qu'il faut pour ça, donc j'ai acheté des basiques que je peux porter sans avoir honte d'être un peu habillée toujours pareil, c'est simple et ça libère mon esprit pour mes soucis autres.

Bon courage et bises
Clue
Marie a dit…


Naelia: Grave!

Marlone: J’aurais pu écrire ton commentaire…
Ouais ça délivre même si mes vêtements so,t devenus un poilou monotones

Maud: Aahhahahahah
Le make-up en revanche j’ai pas ce sentiment de perte de temps.

Anonyme: C’est très vrai

EMI: Tu dis que tu es mode que quand tu es mal dans ta peau? C’ets très intéressant…

Kelpaich: Oui tu deviens une commentatrice assidue, c’est cool :-)
Perso ça me va…

Clue: J’avais lu ça, avoir un uniforme libère pour le reste, comme si on avait une capacité d choix limitée et qu’il fallait l’utiliser pour ce qui était important, je trouve assez chouette en fait…
Bise
EMI. a dit…
Tu résumes vachement mieux que moi. Mais oui. C'est bien ça. Et cette tournure de phrase fait encore plus écho en moi, que mon paragraphe où chercher mes mots.

Bisous

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