LAURENCE ANYWAYS

melvil-poupaud





J'ai enfin vu le dernier film de Xavier Dolan, Laurence Anyways.

Vous savez que j'aime beaucoup ce mec, j'en ai déjà parlé ici avec beaucoup d'intensité.
J'avais un peu peur de le voir, peur d'être déçue (même si tout le monde me disait que j'allais l'adorer... D'ailleurs c'est pire quand on vous dit ça, qu'est ce que vous dites si ce n'est pas le cas? La vérité oui c'est vrai que c'est la meilleure de toutes les options, mais bon, c'est parfois délicat... Bon je vais m'arrêter c'est pas comme si c'était le sujet).

Flashback dans ma vie.

Fin des 90's, ma mère doit être partie bosser. Je suis toute seule chez moi, je zappe sur Arte et tombe sur un film.
On y voit un mec, beau, brun, un air vaguement intello alors même qu'il ne parle pas.
Il se ballade sur une plage, bretonne probablement, il marche, regarde en l'air, prend un air pénétré. Le temps se couvre, il rentre dans un petit hôtel où il a pris une chambre. Spartiate la chambre. Il prend sa guitare, gratte 2 ou 3 accords et reprend son air pénétré.
Pas un mot. Pas un échange pendant de longues minutes.
Il attend une fille qui finira par arriver et il vont parler tout le reste du film sur l'amour, la fidélité, la trahison et d'autres trucs qui n'intéressent normalement que les adolescentes.
Et Eric Rohmer. Mais Eric Rohmer est une adolescente j'en ai bien peur et c'est pour ça que je l'aime.

Le film dont je vous parle c'est Conte d'été, d'Eric Rohmer. L'acteur principal de ce film c'est Melvil Poupaud et je suis tombée  «amoureuse» de lui (aussi relou soit-il dans ce film) tout de suite.
J'ai suivi sa carrière de très près (même dans des films intellos médiocres, qu'il aimait tourner avec Elodie Bouchez) parce qu'il correspondait aux goûts de mon adolescence.

Et puis j'ai oublié, je suis passée à autre chose et la carrière de Melvil devenait plus confidentielle...
Il y a bien eu Le temps qui reste  d'Ozon dans lequel il était parfait.

Laurence Anyways (joué par Melvil Poupaud) raconte l'histoire d'un homme, professeur au lycée ou à l'université (j'arrive pas à savoir. On dirait la fac mais vu que les parents peuvent faire des pétitions contre les profs, j'ai comme un doute) amoureux fou de Fred qui lui annonce le soir de son 35ième anniversaire qu'il s'est toujours senti femme. Et qu'il veut enfin être celle qu'il est.

Dolan a eu l'idée de ce film au moment où il tournait son premier film (J'ai tué ma mère) quand un soir en rentrant en voiture, une nana de son équipe lui a confié que son amoureux lui avait fait cette même révélation. Le genre profond de son amoureux n'était pas celui qui lui avait été donné à la naissance. Et Dolan sans avoir beaucoup plus de détails a commencé à écrire le synopsis.

Ce n'est pas un film sur la transexualité. Pas que en tous cas. C'est plutôt un film d'amour. Un vrai. Laurence aime Fred (sublime, mais alors sublime Suzanne Clément) de ce côté là pas de problème, et rapidement le spectateur n'en doute pas non plus une seconde. Il l'aime elle, c'est simplement qu'il n'a pas le bon corps et qu'il ne peut pas continuer à mentir...

Mais et l'amour? Comment un couple se remet de ce genre de nouvelle? Est-ce que ça peut marcher? C'est surtout de ça dont parle ce film.

Etrangement le film m'a fait précisément le même effet que Les amours imaginaires. Il a été à retardement.

Je voulais vous montrer une scène assez étonnante avant qu'on continue. Elle m'a soufflée.
 

Je ne l'ai pas aimé tout de suite. En tous cas pas autant que je l'aurais imaginé.

Dolan, qui n'a peur de rien a quand même fait un film de 2 heures 47 si ma mémoire est bonne...
-__- (il couvre 10 années de la vie de Laurence et Fred)
Je ne dis pas que ce n'est pas justifié, non, en revanche le propos étant ce qu'il est, le regarder entièrement est un périple émotionnel mais aussi visuel important. C'est beau mais ce n'est pas que ça, c'est fort aussi.
Et il m'a fallu un peu de temps pour l'intégrer.

J'ai éteint la télé, suis allée me coucher et n'ai finalement pas cessé de penser à lui pendant plusieurs jours. Comme un amoureux qu'on avait pas vu venir.

Je l'ai reregardé, par bouts, et je sentais mon coeur qui se serrait de plus en plus, ce qui est bon signe.

Laurence Anyways est un film tellement ambitieux, imparfait c'est sûr, parfois un peu énervant, mais tellement vif, tellement cru, tellement mis en scène (je suis nulle pour décrire je sais). On se disait avec mon copain Gweltaz que ce qui est tellement fou avec le cinéma de Xavier Doaln, c'est de voir à quel point ses intentions sont fortes.
Ce mec donne tout, c'est un vrai truc perso, un truc dense, et même si certains passages m'ont moins plu que d'autres, je ne peux pas nier que la grâce de ce film est époustouflante.
Je n'ai pas vu beaucoup de choses comparables...
Et puis comme une vieille je n'avais de cesse de me demander comment ce mec, du haut de ces 23 ans pouvait avoir avoir autant de subtilité sentimentale? Comment il peut savoir à ce point ce que c'est d'aimer? Et en fait c'est moi qui suis conne, les choses n'ont rien à voir avec son âge, il faut que juste que je le répète à ma trentaine sûre d'elle.

C'est très beau. Vraiment très beau. Et puis ça joue tellement bien.

Et si on va du côté de la mode, ce film est aussi un bijou absolu, il y a tellement de looks fin 80' et 90's élaborés et mortels (sapes + coupes + make-up) .

Je voulais finir ce post déjà trop long avec quelques mots de Laurence que j'ai trouvé hyper beaux:

J'aurais pu lui écrire une chanson à la place... Ne me quitte pas ou un truc comme ça... Les belges parlent lentement mais ils ont l'esprit de synthèse.

« Où es-tu? Que portes-tu? Que fais-tu? »

Je me réveillais je me posais ces questions sur elle. Je me couchais avec les mêmes questions alors à un moment j'ai voulu les réponses. «Où es-tu? Que portes-tu? Que fais-tu?»


laurence-any



Laurence-Anyways_BO


Je vous embrasse fort.

Commentaires

Mamino a dit…
J'attend depuis un moment ton article sur Laurence Anyways, j'étais sûre qu'il arriverait.

Merci.
cet article est la poursuite de mon plaisir.

Jolie Marie.
Marie a dit…

Mamino: <3 Il est bien beau ce film, tellement...

Anonyme a dit…
Bel article! Moi aussi j'ai toujours tendance à dire que je fais tout mal... Arrête avec ça! tu écris bien! Je vis en France, mais je suis Québécoise. Un article sur un fim Dolan, qui ne spécifie pas "Heureusement qu'il y avait des sous-titres!", oh merci! Il me semble qu'on est tellement au-delà de ça... Sinon, Laurence est prof au cégep, c'est comme le college aux états-unis: une étape de deux ans entre le lycée et la fac! Et la musique non? j'ai adoré la bande-son! xxx
Anaëlle a dit…
Je ne vais pas lire ton article.. je vais aller voir le film avant ;)
catherine a dit…
Je n'ai malheureusement pas croché à ce film. Je dis malheureusement car j'aurais aimé l'aimer...si j'avais défendu Dolan becs et ongles pour Les amours imaginaires, ici la surdose d'esthétisme a eu raison de mon engouement. Je trouve le sujet passionnant, mais j'ai eu la désagréable impression qu'il avait été sous-traité et que la "patte"Dolan, peut-être trop prétentieuse avait tout rafflé sur son passage. Mais ton texte me fait réfléchir et douter: serais-je passé à côté de l'essentiel?
Par contre je ne peux que témoigner de mon grand amour pour Rohmer "la jeune fille", cette jeune fille dont les films bien bavards n'ont de cesse de me combler.
A bientôt Marie et merci pour tes écrits
Anonyme Amande a dit…
C est dingue mais au bout de moins de 2 phrases je savais que tu parlais de Contes d Ete... je l ai vu le meme jour que toi je pense, sur arte vers 1996 ;-)

Comme d hab du bureau je ne peux regarder la scene, mais je constate avec grand plaisir que tu as retrouver de l inspiration pour le blog ("Comme un amoureux qu'on avait pas vu venir." ...putain ce que cette phrase me parle...)


Je t embrasse fort.
Anonyme Amande a dit…
j en ai marre de ne pas me relire et de laisser trainer des fautes d orthographe qui font mal aux yeux ! sorry !!!
lunelo a dit…
idem pour conte d'ete vu sur arte... à l'epoque^^ j etais dans ma grande periode degingandés je n'ai pas su resistée non plus

coup de coeur meme si son personnage etait bien agaçant...
ce ne serapas le seul de sa filmo d'ailleurs
parcontre adoré dans le temps qui reste et un homme perdu

je viens de lire son bouquin quel est mon nom, c'est pas mal un rien foutraque mais effort formel et sincerite touchante (re la petasse meme pas fichue d'ecrire)
ah melvil c'est pour ça que je suis allee voir laurence anyways c'est d'ailleurs le seul dolan que j'ai vu

oui j'ai aim& mais oui il y a de la maladresse et de la longueur parfois 'ouh la petasse meme pas fichue d ecrire un sinopsis) mais il y aussi une energie, une vie fantastique dans ce film et les acteurs sont bluffants
Emilie a dit…
J'ai vu le film 2 fois, je n'arrivais pas à m'en débarrasser, les images, les sons et certaines répliques restaient en moi... il fallait y retourner et même la seconde fois l'émotion est montée.J'ai pleuré. Parfois un film très esthétique me semble prétentieux, petit objet d'un réalisateur qui veut en imposer, faire le Grand. Quand Dolan en fait des tonnes, j'adhère parce qu'il raconte un amour plein, passionné, vivant...alors c'est plein de sons, de couleurs, ça crie mais c'est l'énergie vitale à l'oeuvre et c'est très beau. Je ne reverrai pas le film, trop peur maintenant d'être déçue mais je garde précieusement ce qu'il a remué en moi.
Fanny B. a dit…
Yep, j'ai adoré aussi... Avec toutes ces imperfections, c'est fou ça, d'accepter avec bonheur les erreurs d'un film... Pas parfait, mais génial. Dolan, pourtant, est toujours à la lisière du mauvais goût, du trop, de l'égocentrisme... A suivre, non?

Tiens, ce que j'avais écrit sur le film à l'époque: http://fannybens.blogspot.fr/2012/07/laurence-anyways-de-xavier-dolan.html
minhoi a dit…
ho là là mariiiie mais c'est fou !

tu va jamais me croire !

avec mon mec enfin mon mari enfin le père de mes filles (je sais jamais comment dire) c'est Melvil poupaud qui nous a quelque part réunis.

j'etais fan absolue de ce mec (Melvil) cette beauté mystérieuse, cette nonchalance.

Mon mec mari père de mes filles est un grand cinéphile mais dans le sens ou il regarde absolument tout du cinéma d'auteur chinois à peine sous titré (ou je différencie pas les acteurs) au film d'action pourrave en passant par les chefs d'oeuvres, un film par jour au minimum depuis plus de douze ans.

bref lorsqu'on s'est rencontré il en avait marre des coups d'un soir, moi aussi et puis des discussions futiles avec ses coups d'un soir.

c'est lors d'une soirée que bêtement il m'a demandé quel acteur j'aimais a ce moment là et j'ai parlé de Melvil, je l'ai vu ouvrir les yeux comme des billes.
Je pense que j'y ai aussi vu un coup de foudre :-D

Tout à changé ce jour là, presque à la première phrase, une semaine après il s'installait dans mon appart.

depuis deux filles....on avait évidemment choisi Melvil comme prénom de mec....pour le coup la vie avait déjà fait son oeuvre elle nous à pas suivi une deuxième fois lool

voila pour la petite histoire, Melvil à une place particulière dans ma vie.
RubyBlue a dit…
Tu as résumé EXACTEMENT ce que je pense de ce film, EXACTEMENT ce que je pense de Xavier Dolan. J'en ai les larmes aux yeux... Merci Marie.
Anne a dit…
Magnifique.
Alors oui, très hype, tout ça, mais magnifique quand même.
La classe Dolan (1 an de moins que moi, salaud !)

Petit clin d'oeil, il apparaît à 0.17 dans ton extrait...
véa a dit…
une des plus grosses claques cinématographiques...et tout ce que tu as ressenti à retardement, je l'ai ressenti en "live"...ce film va me suivre....et les musiques qui vont avec...
biz
véa

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