CHER DOCTEUR LOVE...

goldin_joey-and-andres

(Photo de Nan Goldin)





... Tu sais depuis que je te lis dans Grazia, je dois avouer que tu as bien remis en place mon orgueil, mes fantasmes et surtout les idées que je me faisais sur les rêves amoureux.

Laisse moi te raconter une histoire.


J'ai eu ce qu'on appelle, sentimentalement parlant, une expérience de collégienne qui a été un peu ardue.
Comme tout le monde j'avais plein d'hormones très en forme mais il se trouve que je n'étais pas une fille bankable. Les garçons s'en fichaient bien de moi.
Ca me rendait triste et puis un peu toute nulle alors pour ne pas basculer dans une aigreur trop précoce, je me suis inventée une vie.
Ca c'est sûr les mythos étaient bien rodés. Ce que je préférais c'était faire comme si certains garçons étaient un peu amoureux mais n'osaient pas me le dire.
Ca j'adorais, ça me soulageait un peu le coeur et ça me faisait pas me sentir plus nulle que mes copines.
Ce petit manège a continué un certain temps (tu peux appeler ça du "bovarysme prématuré") jusqu'à ce que je me sois convaincue de mes trucs.
Je n'avais pas d'amoureux, mais c'était plus parce que les garçons que je regardais de loin n'osaient pas me parler... Tu te marres Docteur Love hein?
Je sais que tu te marres...

Mais si je pensais comme ça Docteur Love c'est parce que si je regardais trop en face la réalité, du haut de mes 12 ans, ça allait me faire trop mal...

Un jour en feuilletant un livre pour ado, tu sais ceux qui sont sensés nous donner des réponses aux questions qu'on se pose ("pourquoi mon sein gauche pousse plus que mon sein droit?" ou " Est-ce que je peux imiter la signature de ma mère sur mon carnet de correspondance?"), je tombe sur un petit article qui disait sensiblement ce que tu nous répètes à chaque numéro de Grazia "Non le garçon qui ne dit rien, ne rappelle pas, ne regarde pas, n'est ni intimidé, ni trouillard, juste il s'en FOUT"...

-__- (Ma tête de l'époque)... 

Toutes mes aspirations amoureuses tombaient à l'eau. J'y avais cru et boum d'un coup la réalité me frittait le visage...
Alors si ce garçon que je regardais depuis 2 ans (ouais je sais ça craint... 2 ans putain) par la fenêtre à côté de ma salle de maths ne m'avait jamais calculé ça n'était pas parce qu'il se consumait d'amour pour moi... Non, il s'en fichait éperdument. Chiennasse de vie!

Je suis retournée normalement à ma vie, mais cette tendance au bovarysme ne m'a jamais vraiment quitté, j'essaie de la canaliser, je sais à quel point elle n'est pas révélatrice d'une réalité, mais elle me fait du bien. Pas qu'en amour d'ailleurs.

Si je t'écris cette lettre Docteur Love c'est parce que je trouve que ta rubrique est l'une des plus intéressantes du magazine. Des magazines féminins de manière générale. Pas la plus poétique ou la plus valorisante, mais l'une des plus utiles.

Donc Docteur Love, merci d'être franc (je parle pas que pour moi...), merci de dire que ce que les filles font (singer l'indifférence par exemple) n'a pas une signification universelle, qu'il ne suffit pas de vouloir que ça marche pour que ça marche, que les silences ne sont pas forcément de la pudeur ou que les absences ne définissent pas un questionnement profond... que la plupart du temps, les choses sont... ce qu'elles paraissent être tout simplement...


Love Docteur Love.

PS: Les filles merci pour vos mails massifs pour la participation à nos photos de vêtements en laine. Alors même que je pensais prendre tout le monde, je ne pourrai finalement pas (mais je me suis dit qu'on devrait se faire des après-midi à parler tous ensemble, comme ça zéro frustration) et j'en suis profondément désolée. La perspective de choisir me déchire un peu mais vous êtes trop nombreuses (mais mes lectrices sont plutôt bien bonnasses et ça, ça plaît au pré-pubère qui est en moi...)
Je vois ça avec Angel au plus vite et vous tiens TOUTES au courant la semaine prochaine.
Love sur vous aussi...


Commentaires

Pauline a dit…
Salut Marie,

comment ne pas penser à cet épisode de Sex and the city, ou Burger petit ami de Carrie, intervient dans le propos de Miranda où elle s'interroge sur ce mec qui veut mais qui veut pas.
Les 3 autres lui disent qu'il a peur de son amour pour elle, et tout un tas de conneries. Elle demande son avis à Burger : il hésite et puis lui balance qu'il n'est simplement pas intéressé. Gros choc chez les nanas ("mais non ne l'écoute pas"), sauf pour Miranda qui se sent libérée : "vous imaginez le temps et l"énergie que j'aurais économisé si j'avais su ça avant ???".
Voilà, en substance.

J'avoue ne pas avoir d'avis sur la question aujourd'hui, ma vie sentimentale étant en plein dans ces problématiques.

Hug !
loulou a dit…
marie,
je voulais te dire un truc qui me tient à coeur : c est hyper déroutant de te lire a chaque fois parce qu'à chaque post je me dis la même chose: comment est ce possible de se sentir si proche d'une nana que je ne connais ni d'eve ni d'adam?
nan mais truc de fou quoi, a chaque post, jme dis : eh ba voila, ca m'étonne pas, je me posais exactement la même question!
et ba j'aime beaucoup mais c est flippant! mais flippant sympa quand meme!
oh le commentaire qui sert à rien quoi...
petitprunier a dit…
rhaaaaaa j adore Dr love, ça fait partie des rubrique que je lis toujours en premier :-) je trouve son ton et sa franchise extrêmement rafraîchissants en plus d être pertinents.

et ce mec sait écrire, ça, ça fait du bien :-)
thegoodideasbox a dit…
ouais je kiffe docteur love, c'est notre nouveau diasteme en fait ;)
La nature deteste le vide, non?
alors pour ne pas devenir completement cinoque on se parle toute seule quand on est celibataire ou on bovaryse...
le danger:une vie qui soit remplie par l'autisme sentimentale...vivre ailleurs pour ne pas souffrir alors que ce deplacement sera source d'isolement et le plus sur moyen de souffrir... EDifiant.
Anaëlle a dit…
Je lis pas Grazia, je ne lis donc pas le docteur Love.
Mais qu'est ce que c'est dur de se prendre ça dans l'ego "toi tu t'interresse a lui mais lui il s'en fous de toi".

J'essai de me convaincre mais je sais pas pourquoi c'est si difficile a realiser. Peut etre parce que ça ferait trop mal, alors on se protege.

Plus on a eu d'experience, plus on le sait, on le dit même aux copinex 'fin love d'un mec qui s'en fous au possible.

Et puis un jour, on tombe sur un qui nous fait vraiment craquer et qui nous dis au creux de l'oreille, que il cherche juste un plan cul.

A douze ans, a trente.. what's the difference? Juste qu'on le sait mais qu'on essaie tjs de se convaincre qu'avec nous "ca sera different. Quelle bonne blague.

Bisous ma beauté.
Anonyme Amande a dit…
J etais un peu comme toi ado, sauf que moi je me faisais des tas de films dans ma chambre en ecoutant des chansons romantiques (chastes les films mais quand meme), en particuliers sur les eleves "sport etude" qui ne regardaient que les filles que la puberte avait pourvu de seins... ce qui n etait pas vraiment mon cas !
J ai perdu bien vite mes illusions, et pourtant l an dernier, a 35 ans je me suis forcee a croire pendant qq semaines que ce goujat n appelait ni n ecrivait parce qu il avait trop de boulot...! Ah lala, si on pouvait se souvenir de ses experiences ;-)) Heureusement Docteur LOVE est la !
Anonyme a dit…
La vie est trop triste et chacun s’accommode comme il peut face à la vérité. Combien de fois avons-nous chacune entendu dire « quand on veut on peut » qu’est-ce que cette phrase a pu me gonfler c’est vrai et d’autres de compléter par des « je comprends pas, t’es pas moche » ou « t’es pas conne pourtant»… Ah ouais merci ! Il faut se rendre à l’évidence quand ça veut pas ça veut pas. On considère ça comme un manque d’ambition ou être défaitiste que de laisser tomber, mais on bout d’un moment s’accrocher à un truc qui va dans le mur c’est naze.
Le piège amoureux quand tu es ado c’est souvent de la rêverie à croire que tout est possible, jusqu’à quel point on veut croire que ça peut le faire que tout peut arriver, la vie est parfois tellement banale que aller un petit peu de rêvasserie en plus ça peut pas faire de mal et parfois même ça continu après l’adolescence. Rose
laurence a dit…
Salut Marie,
bon alors évidemment, je connais trèèès bien ce que tu décris là... j'en ai usé et abusé entre 12 et 16 ans :)

sauf que depuis, j'ai grandi et je sais faire la différence entre ce que je désire moi et la réalité - parce que ca se sent (en tous cas moi je le sens)

je me rends toujours compte si la personne en question est intéressée ou pas, parce que c'est chimique, si le courant passe, on le SAIT. Et si on a l'impression d'avoir "trouvé" qqn, souvent, c'est parce qu'il nous a trouvé aussi.
Après, ca fait aussi du bien de rêver parfois...
bisou
fouh a dit…
Tu veux dire que mon mec récurrent dans le train là, il me regarde intensément je chavire, mais en fait il est marié et il me fait love to love baby des yeux depuis 6 mois simplement parce qu’il est myope ou qu’il aime l’idée de l’étrangère du train ? ah!
J'men tape, j'aime la romance dans ma tête et le Bovarysme perdurant!Et puis s'il savait j'ai un mec aussi!

y a toujours des cas particuliers et moi j'aime rêver...

haut les mains, haut les coeurs!
Lucie a dit…
A 25 ans, je suis toujours en mode walt disney, du coup ça me déprime de savoir que si l'homme que j'aime n'appelle pas c'est qu'il s'en fout. Du coup, j'ignore le problème...
(un jour je grandirai c'est sûr !)

Aucun rapport, mais aujourd'hui, remotivée à arrêté de fumer, je me suis souvenue que t'avais fait une vidéo sur le tabac. Je la re-regarde donc, et surprise, t'as arrêté un 22 novembre ! Du coup, Bravo again, ça fait 2 ans pile !
val from Belgium a dit…
Merci marie, parce que franchement, je croyais pas qu'on était 2 à se faire ce genre de films!
Mille mercis, bizz je te love d'amour!
Anonyme a dit…
Silence complet depuis 1 mois...
Donc ça veut dire qu'il s'en fout. Les choses sont bien ce qu'elles ont l'air d'être. Pas de conciliation possible. C'était évident bien sûr!
Mais j'avais tellement besoin d'y croire...
Merci d'avoir mis des mots sur ce que je refusais de formuler.
Gwadamé a dit…
Je te kiffe tu sais Marie! ;)

Pppfff le pire c'est que je me revois à 16ans dire moult fois à mes desperate friends en pleine dés/illusion:
"tracasse, il doit t'adorer, le truc c'est qu'il en a pas encore vraiment conscience, il a juste peur de tomber amoureux... Laisse lui le temps de venir à toi, ça va marcher".

J'étais LA mauvaise amie parce qu' effectivement, dans la plupart des cas, le jemenfoutisme du mec se vérifiait .
Après, à 16 ans, notre niveau d'analyse des situations amoureuses équivalait sûrement à un bon niveau 0, bien qu'on pensait le contraire... Ben wè, parce quand on est ado, on est les rois du monde et on pige tout!
Non, je crois qu'on peut dire surtout que je ne voulais pas que mes amies souffrent et que j'étais juste, moi aussi, dans un genre d'illusion espérant ainsi que le ramassage à la petite cuillère de mes amies n'arrive jamais. Peut-on appeler ça de "L'optimisme amical"?

Bisous bisous la chicfille, au plaisir... hihi
lunelo a dit…
bon moi ce qui m'inquiete c'est que je continue toujours a bovaryser c'est plus fort que moi...
c'est grave docteur love?
pourtant cf ce succulent moment de psychologie masculine dans sex & the city j'essaye de me repeter comme un mantra s'il ne t'appele pas c'est qu'il s'en fout, c'est qu'il s'en fout mais rien a faire je suis une indecrottable reveuse... et surtout une immense masochiste

ça me rappelle une copine qui avait écrit une chanson la dessus, le refrain disait: "voila, voila tu ne m'appeles pas " elle faisait le decompte 24h... 48h que tu joues avec mes humeurs et avec mon vibreur etc...et puis à la fin la fille realise que pire que tout le mec n'a meme pas gaigné demander son numero...

la capture son est pourri mais les paroles m'avaient beaucoup amusée à l'epoque
https://www.facebook.com/video/video.php?v=10150658677004674

pourquoi des filles timides s'imaginent elles que les garçons reagiraient de la meme façon? SOUPIR
Dr love c'est presque la premiere chose que je lis maintenant quand je recupere mon grazia...;)

Pam a dit…
C'est exactement ça ! C'était exactement ça !! Le fait de mater un mec avec insistance, faisait qu'il te regardait après avec insistance, et dès qu'il te regardait avec insistance (mal à l'aise ou curieux), c'était sur, il ressentait quelque chose pour toi !
Putain mais quelle horreur quand j'y repense ...
Après, ça permet de vivre, d'avancer, c'est des étapes d'adolescence. Mais putain mince quoi! Le lire, mettre des mots dessus, ça fait bizarre! Merci Marie :)
Anonyme a dit…
Un petit moment que je n'ai pas laissé de comm ici, mais comme toujours je suis tout à fait sensible à ton article!

Je ne lis plus depuis longtemps la presse féminine mais ma mère est abonnée à Grazia et j'ai découvert il n'y a pas si longtemps le fameux Docteur Love et j'adore ! C'est vraiment très rafraîchissant et pertinent.

Quand on a la chance de compter au moins un mec parmi ses amis, c'est vraiment très intéressant de parler avec eux des rapports hommes/femmes, c'est même précieux. Et ça rejoint toujours ce dont tu parles ici.

Même si le docteur love peut sembler abrupt dans ses réponses parfois (l'ai l'impression), c'est de cette façon qu'on avance, pas en s'entendant dire ce qu'on a envie d'entendre (et qui va maintenir dans une illusion...)

Merci Marie pour ce post intéressant (once again!)

C.


Alizee a dit…
J'ai eu cette révélation en regardant le film "ce que pensent les hommes" et la fameuse réplique "He's just NOT INTO YOU"!
Anonyme a dit…
Bonjour la chique fille,

Ho oui… ça fait tilt par chez moi ce post.
Je rejoint d'autres filles, que fait-on alors? Il ne nous reste bien que ça.
Après avoir vécu dix ans sans jamais être seule je me retrouve dans une situation légèrement différente. Je me permet de la partager car elle me semble dans la continuité.
Cette fois je suis bien avec un boy-friend (ouf, plus besoin de fantasmer sur l'inconnu du Quick). Et voilà où je veux en venir:
"Mais non, ce prendre la tête aussi souvent c'est qu'on ne se comprend pas encore. Hm, il me semble distant, il doit être très occupé cette semaine le pauvre. C'est moi sui suis chiante à force de l'emmerder avec mes inquiétudes."
Ou bien on est pas fait pour être ensemble, simplement. Ouai mais ça, ça veut dire se retrouver toute seule… outch pour mon pauvre petit coeur.

Tout ça pour dire, il nous faut bien encore aujourd'hui ce doudou consolateur, l'espoir que peut-être… même quand on sait que non

L'anonyme de 7:13
judith a dit…
Au lycée, j'étais persuadée que Greg-le-dieu-blond-de-1èreS3 était ouf de moi ("nan mais c'est sûr attends, itatromaté pendant toute l'heure de bio...". Au passage merci les copines de tant d'amitié aveugle. Il devait juste se demander ske j'avais à glousser dès qu'il esquissait un mouvement.). Jusqu'au jour où forte de cette conviction, je vais le voir: "Ah ben nan désolé mais chui pas intéressé."
Ce jour-là, à 16 ans, j'ai compris un truc que j'ai jamais oublié depuis: les mecs sont GENIAUX les filles. C'est pas comme nous qui sommes si relou. Un mec, c'est à lecture directe, ya pas de double sens. Cherchez pas (sauf quelques spécimens torturés - ou gays). Et qu'est ce que la vie est plus simple quand on a compris ça!
Vive les hommes. Je les adore, je les idolâtre.
Ninie Pouce a dit…
Il suffit pas de comprendre le concept, il faut aussi l'apprendre, ce qui est encore plus douloureux :s
Anonyme a dit…
1) tes articles, tous autant qu'ils soient, me parlent beaucoup
2) j'ai la mentalité d'une fillette de 12 ans puisque je pratique moi-même cette technique.
3) ça fait parfois du bien comme tu le dis si bien.

Carole

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