LARRY LEVAN, LE PARADISE GARAGE, NEW YORK

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Je vous avez déjà dit que j'ai pas été hyper emballée par le dernier film de Maïwenn, Polisse. J'ai dû passer à côté de quelque chose visiblement puisque ça n'a pas l'air d'être le cas de beaucoup de monde.

Mais dans ce film, j'ai découvert une chanson, comme beaucoup de monde j'imagine (ou alors pas du tout et je me fais beaucoup trop d'illusions), dans la séquence de la boîte de nuit. Le morceau c'est Stand on the word de The Joubert Singers remixée par Larry Levan. The Joubert Singers est une chorale mixte australienne. Je vous mets la version A Capella de Stand on the word, bien que ça ne soit pas vraiment les choraleux qui vont nous intéresser sur ce coup là.



LARRY-and-ERIC paradise garage

(Larry c'est lui, sur la gauche aka Countryman. Et sur la droite, vous l'avez reconnu, c'est le débardeur pompé par Isabel Marant)

Comme à chaque fois, je rentre chez moi, je vais sur Google et je cherche qui est ce mec.

Larry Levan était un DJ. Larry Levan était le DJ star d'une boîte new-yorkaise qui s'appelait Le Paradise Garage (1978-1987), un club situé vers Hudson Square au 84 King street.

Je parcours les pages, et découvre peu à peu la nuit new-yorkaise de la fin des années 70.

Et c'est ça que je voulais vous raconter... Où ce morceau m'a emmené.

Tout est parti de cet excellent article dans Brain. L'auteur de cet article, Philippe Doux-Laplace nous fait un descriptif hyper précis de la nuit new-yorkaise du début des années 80. Il nous parle de clubs, de l'histoires de ces clubs, de ce qu'ils ont apportés à la musique mondiale, à la nuit, à la jeunesse et à l'art. C'est un  article passionnant.

Je vous mets tout un extrait du dit article pour comprendre la portée de cette époque, de l'hybridation culturelle et musicale qu'elle a apportée.


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Imaginez que vous avez 20 ans, vous êtes dans la première moitié des années 80 à New York. Futura 2000 et Keith Haring, entre autres, commencent à couvrir les murs de la ville et du métro de fresques. Vous vous habillez chez Screaming Mimi's ou chez Fiorucci (dont la boutique était aussi un repère pour toute la faune artistique de la ville, surtout la machine à café). Afrika Bambaataa sample Kraftwerk, The Clash collabore avec Futura 2000 et s'inspire de Grandmaster Flash.

Le Punk n'est pas tout à fait mort, il flirte avec le Hip Hop. L'Angleterre exporte ses New Romantics et la New Wave. La House Music de Chicago commence tout doucement à faire son chemin vers New York qui a alors les meilleurs clubs, les meilleurs Sound Systems et les meilleurs DJs. Une véritable culture jeune a pris possession de la ville. Chacun apportant sa différence et ses références pour enrichir "la bête". Les galeries s'ouvrent partout. Basquiat devient une star du monde de l'art. Andy Warhol est encore là. Tout est possible avec rien. L'hédonisme est de rigueur.

Plus que la spéculation immobilière ou la réglementation, de plus en plus rigide, que la ville de New York qui n'est plus en banqueroute impose aux clubs, ou les overdoses, c'est un mal terrible encore sans nom qui vient lentement mais sûrement mettre fin à la fête. The big disease with a little name comme le chante Prince. Le cancer gay comme le surnomme alors la presse. Petit à petit des artistes prometteurs disparaissent, des amis, des proches, des gens pleins de promesses d'avenir dont la mort prématurée privera le monde de leur créativité. C'est le Sida qui a stoppé net la party. New York la ville qui ne dort pourtant jamais va se réveiller avec la gueule de bois.

De cette époque il reste aujourd'hui un énorme héritage. La culture née à New York entre la fin des année 70 et la fin des années 80 est présente partout. Que ce soient les versions originales ou les copies, l'influence de ces années est partout dans le Hip Hop, la Pop, la Dance, l'art ou la mode et même si Downtown a déménagé à Brooklyn abandonnant Manhattan aux plus riches, aux élites, faisant de la ville un centre commercial à ciel ouvert, Downtown est aussi à Paris et dans toutes les villes où les Kids créatifs font leur propre histoire.

C'est cette époque qui a démocratisé les moyens d'expression, brisé les barrières, les tabous, osé la différence. Cette génération aujourd'hui cinquantenaire qui sortait pour s'amuser et participer à la fête et non pas pour être divertie, passive. Ce n'était pas mieux avant, ce n'est jamais mieux avant, c'est toujours mieux maintenant parce qu'on peut tout changer. Pas de nostalgie mais continuer dans la direction que tous les acteurs de l'époque ont montré en créant avec peu sans oublier de s'amuser en le faisant. Prendre le flambeau et le transmettre aux Kids suivants. Certains sortent dans le but de ne pas rentrer seul, d'autres pour se montrer, il y a ceux qui viennent pour la musique et ceux qui viennent pour boire et la plupart pour tout ça en même temps. Certains ont oublié la forme de libération et d'expression qu'il y a dans le phénomène parce qu'ils n'ont plus 20 ans.

 Tout est résumé dans un tag célèbre du métro new-yorkais de l'époque et dont la paternité n'a pas été déterminée (Futura ?) : It's just kids growing up.

Philippe Doux-Laplace

Ne pensant pas trouver meilleurs mots, j'ai préféré vous mettre cet immense paragraphe.

Y avait Keith Haring, Madonna (chantant Dress you up au Paradise Garage pour l'anniversaire de Keith), Basquiat, et Larry Levan qui faisait danser tout ce monde...







Je ne sais pas vraiment pourquoi tout ça me fascine... La jeunesse d'une autre époque, une époque qui a modifié tant de codes, c'est dingue.

Pour aller au Paradise Garage, il fallait une carte, comme Vince Alleti, il fallait faire la queue, on pouvait pas y boire grand chose, en revanche, danser, ça on pouvait.

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Je vous love dans le cou et ailleurs, je suis pas avare, en plus il fait beau, ça rend loveuse.

A demain.

Commentaires

Lasacripante a dit…
Hey,

Il existe un film sur le Paradise Garage, Larry Levan et l'essor des clubs à LA. Dès que je retrouve le lien je te le poste.

Marie
Lasacripante a dit…
C'était rapide http://www.youtube.com/watch?v=cWpAYtmsqqM

Le film s'appelle Maestro. Tu le trouveras sûrement en entier quelque part. Il est vraiment génial. Je l'avais vu au ciné lors d'une soirée spéciale.

Vraiment fascinant.

Bon visionnage.
velouria a dit…
sois rassurée, maintenant on a le Baron ;-)))
Lili_Espiegles a dit…
Idem pas emballée par le film (je sais pas comme si il manquait un truc pour en faire un film fort) bref mais emballée par cette chanson. Et rien que pour m'avoir éviter de faire toutes ces recherche et d'avoir tout condensé dans cet article et bien je te remercie et t'envoi un kiss aussi ! PS: Il y avait un reportage rétrospective sur la Madonne sur Direct Star dimanche soir. Je l'ai pas encore vu mais parait il qu'il était bien.
Marie a dit…

Lasacripante: Oh merci, je savais même pas que ça existait :) Merci!

velouria: xD ah mais ouais bien sûr ;)

Lili_Espiegles: Merci pour le tuyau de Madonna, je vais regarder!

Juliette a dit…
Salut la chic fille :) !
Je ne sais pas si tu es au courant mais il y a également "un groupe ?" qui a repris cette jolie chanson ! Je suis pas sur mais je crois bien que la version de film Polisse c'est celle-la.
Et un article très intéressant comme toujours :)
Juliette a dit…
J'ai oubliée de mentionner le nom du groupe --' ... Il s’appelle Keedz.
fouh a dit…
et bien moi non plus je n'ai pas aimé Polisse; trop cliché, pas abouti, lourdingue...j'ai préféré les deux premiers opus de Maïwenn...mais heureusement qu'il y avait Larry!


moi aussi cette période me fascine à commencer par celle juste avant; le cbgb et le punk rock..club mythique où je suis allée traînée mes docs en 1998!! hélas cela a fermé depuis mais y avait une vraie saveur authentique rock and roll encore!

tiens cadeau car demain c'est mon anniv mais je préfère offrir que recevoir; voici des podcasts de l'émission cargo culte
"En trois volets, "Cargo Culte" dresse un portrait des avant-gardes développées à New York au cours des années 1960 à 1980 à travers une série d'entretiens et de reportages menés sur les lieux où s'est fondée la culture populaire contemporaine: The Factory, d'Andy Warhol; le Paradise Garage, où naquit la club culture moderne; The Bunker, où vécut William Burroughs, ou le local mythique du 1520 Segdwick Avenue, The Bronx, dans lequel naquit le hip-hop, etc"

http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/cargo-culte/3636441-cargo-culte-du-25-12-2011.html

http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/cargo-culte/3645803-cargo-culte-du-01-01-2012.html

http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/cargo-culte/3646485-cargo-culte-du-08-01-2012.html

enjoy Marie et RIP Larry!!
Anonyme a dit…
Ben moi j’avais 20 ans dans la 2ème partie des années 80 à Paris et je garde en mémoire des supers soirées aux Bains ou au Palace avant sa fermeture, des concerts dans des grandes ou petites salles.
En effet la diversité musicale était géniale, reggae, ska, funk, rock, hip hop, new wave… Génial, tu pouvais faire le look qui va avec ! Tu parles de Madonna et un film que je regarde toujours avec plaisir qui est aussi en plein dans l’époque c’est Recherche Susan désespérément. Personne autour de moi n’était atteint de la terrible maladie, ou on ne le savait pas encore
Ce qui a il me semble disparu et qui moi me rends triste, c’était la possibilité de faire des choses de rencontrer ou d’approcher des gens de différents milieux, il n’y avait pas encore les barrières monstrueuses et la sécurité omniprésente, il y avait des « créateurs » dans différents milieu, le rapport à la rentabilité n’était pas immédiat. J’ai été voir il y a quelques semaines l’exposition Jean Paul Goude aux Arts Déco qui est aussi assez représentative de cette période, je l’ai trouvée gaie, légère, drôle. Rien de comparable avec l’époque actuelle. Pour chanter en dansant let’s go for the karaoke :
You've got style, that's what all the girls say Satin sheets and luxuries so fine
All your suits are custom made in London But I've got something that you'll really like
Gonna dress you up in my love
All over, all over
Gonna dress you up in my love
All over your body
Feel the silky touch of my caresses They will keep you looking so brand new
Let me cover you with velvet kisses I'll create a look that's made for you
Gonna dress you up in my love, in my love
All over your body, all over your body
In my love
All over, all over
From your head down to your toes
Rose
lilo2 a dit…
Pile poil le genre d'époque et de lieu que j'aurais voulu connaitre. Particulierement le milieu artistique new-yorkais. J'aime beaucoup Haring et surtout Basquiat, que je trouve fascinant.
As-tu vu le film sur sa vie ? Je pense que tu aimerais car il montre tout à fait ce new-york dont tu parles et dont parles l'article de Brain.
Unknown a dit…
Je l'ai réentendu dans un reportage cette chanson...Et depuis je la cherche. J'me suis dit tant pis je la trouverai plus...J'étais deg et la je viens sur ton blog....Franchement je te sert dans mes bras a distance....Mais comment je suis HEUREUSE
Dididoumdida a dit…
Ohlala je ne compte même plus le nombre d'époques autres que la nôtre que j'aurais aimé connaître! Une fascination pour ce qui est "autre", pour ce que je n'ai pas connu et ne connaîtrai jamais, à moins d'avoir une machine à remonter le temps!
bénédicte a dit…
bonsoir Marie,

Pour en apprendre un peu plus sur la musique électronique mais pas que... la disco, les 1ers djs et les clubs de new york, détroit, paris de l'époque, je te conseille le très bon livre "le chant de la machine", un roman-BD, en noir et blanc pour la plus grande partie, préfacé par daft punk, je ne t'en dis pas plus si tu es curieuse tu devrais te laisser emporter dans cet univers de passionés! Bonne lecture
Lisa a dit…
http://www.franceculture.fr/emission-les-idees-claires-de-caroline-eliacheff-ce-que-s-habiller-veut-dire-2012-03-28
Je pense que ça pourrait t'intéresser. Bonsoir !
Lilypad a dit…
J'aurais adoré avoir 20 ans dans les années 80. C'est vrai que j'ai cette tendance à rêver d'autres époques et à trouver la mienne bien fade à côté (à tort ou à raison).
J'ai lu cet article passionnant. La variété dans les clubs, c'est ce qui manque je trouve, aujourd'hui on entend plus que des musiques techno pour faire plein de bruit...
J'ai beaucoup aimé Polisse par contre, à par une ou deux scènes que j'ai trouvées un peu "tire-larmes". Merci pour le titre de la chanson en tout cas, bises!
Anonyme a dit…
ah la la ! Marie ! Es tu deja allee a NYC ? Sinon je crois que cette ville est vraiment faite pour toi !
J y suis allee une seule fois, a 23 ans, en 98, j en garde un souvenir emu et imperissable (sachant que nous avons bcp de gouts en commun toi&moi ;-)).
Le morceau d article est en effet tres brillant, on comprend tres bien...

bisous (pas encore vu polisse mais j ai le dvd qui m attend ds une etagere)

Anonyme Amande
Anonyme a dit…
j'ai pris ton pot en cours de route en faisant défiler la souris, et en lisant le texte,j'ai pensé que c’était Ton article "putain, marie, elle écrit vachement bien,euh, bein, elle sait tout ça...???", après j'ai lu ta source...j'ai failli être vachement impressionnée!!!(genre, elle a une vraie passion, ouahhh).
Jessica a dit…
Marie,
J'ai la chance d'avoir autour de moi des amis dj qui vénèrent Larry Levan et le Paradise. J'ai d'ailleurs le t shirt du club. Meme sentiment que toi, enfin moi c'est un peu de la frustration, cette époque, cette musique, les relations entre les gens étaient différentes et surtout, aux us et en Angleterre aussi, la culture de la musique est bien différente. La bas on va (ou allait) dans les clubs pour s'amuser, danser. En France, la musique passe au second plan, on sort pour draguer, boire. J'ai la chance d'aller souvent aux Us et je trouve une vraie différence avec les boites chez nous.
Je te souhaite d'aller à NY et d'aller à central Park entre avril et octobre pour assister à la roller disco..c'est sublime,nuits les samedis et dimanches après midi un gros son de l'époque du Paradise et des gens qui dansent en roller quad. Du bonheur!
lunelo a dit…
ah la nostalgie des 80 s
j'a ibeaucoup aimé l'article de brain, merci :)

ça m'a replongé dans les escapades noctambules de ma cousine que j evivais par procuration quand elle allait aux bains, au palace, au balajo... j'esperais pouvoir moi aussi y mettre les pieds mais je ne l'ai fait que bien plus tard et la magie s'etait dissipée

polisse j'a ieu l'impression de me faire balader, manipuler... la ris! la pleure et telle une marionnette je suivais
impressions en demi teintes de malaise et de plaisir qui je trouve vont assez bien avec la demoiselle tout en contrastes qui la realisé
j'ai lu pas mal d ITV sur elle qui me permettaient de recouper et outre son cote petite fille son cote determinée pour ne pas dire mm manipulateur ressort aussi beeacoup et oui j'ai un peu l'impression d'avoir été manipulée la dessus

si tu ne l'as pas vu
http://www.direct8.fr/video/SHRGNDJH/itineraires-invitee-maiwenn-replay
ok le dispositif est de la resucee de pascale clark periode en aparté mais avec les mmes effets

il y en a un egalement de "didier" qui evoque "ses" 80 s

zib
FKFX Music a dit…
Salut Salut

Eh bien je suis sur le cul
Un sympathique article sur cette culture qu'est l'Underdround Dance
Je suis Dj et je suis moi mm influence par cette epoque que certains essayent d'en conserver l'esprit à travers leur musique et événements.

Je t'invite à découvrir mn travail qui j'espere te plaira!

A bientot !

Fuki Flex
manu a dit…
article très intéressant, il y a plein d'autres djs des années 80 qui ont fait de la house de folie, comme Ron Hardy : http://www.gridface.com/features/ron_hardy_playlists.html

Anonyme a dit…
Il y a surtout un imposteur...
Anonyme a dit…
Et Justice s'est fait griller en piquant le morceau (comme plein d'autres morceaux, d'ailleurs, sur leur premier album) sans déclarer le sample. BAD IDEA.

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