LA OU JE SUIS NEE

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En début d'année, sur le site de Rue 89, je tombe sur cet article. Un article triste sur la vie triste des gens de la ville où je suis née. Saint-Dizier, en Haute-Marne, une ville de 30 000 habitants.

J'ai passé toute mon enfance et mon adolescence à détester Saint-Dizier.
Comment l'aimer en même temps?
Je détestais le manque de loisirs, la pauvreté, les ballades en ville à me faire chier, la politique qui s'extrême-droitisait d'année en année, les gens qui parlaient fort et le reste.

Ce dont je me souviens avec le plus de précision, c'est l'ennui de ma vie à Saint-Dizier.
Je n'attendais qu'une chose, partir.


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À l'adolescence, en famille, je ne parlais que de ça, de cette ville de merde et de mon impatience. Impatience de partir. Mon papi m'écoutait, raclait sa gorge et partait faire des trucs dans la cuisine. J'ai compris plus tard que cracher sur Saint-Dizier, c'était aussi cracher un peu sur eux, sur leur vie et sur ce qu'on y avait partagé.


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L'adolescence n'est vraiment pas l'âge des délicatesses.

Je remontais dans la Clio de ma mère, elle me jetait son regard noir.
"On sait que tu veux partir. On sait qu'ici c'est pas assez bien pour toi... Arrête de le répéter, ça fait de la peine à Papi... Il pense que t'as honte d'ici, que t'as honte de nous."


C'est vrai que Saint-Dizier c'est moche, qu'il ne se passe rien, que les jeunes à force d'ennui font n'importe quoi, qu'après 18h45 y a plus rien dans la rue, qu'il n y a plus de travail et que même Miko, gloire locale, se barre.


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C'est vrai. Rien n'a changé, je crois même que ça a empiré, c'est dire.

Mais Saint-Dizier, c'est chez moi.

Quand j'avais lu cet article, j'étais contente. J'avais trouvé cet article délicat. Moi j'avais toujours vu que le gris de Saint-Dizier et n'avais jamais réussi à y mettre quelque chose de plus délicat.

Pendant que vous lisez ce post je roule vers chez moi.

Et je suis contente...


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Toutes les photos sont d'Audrey Cerdan pour Rue 89.

Je vous embrasse.

Commentaires

Unknown a dit…
Purée Marie..
Que dire..Ce matin ton post m'a fait pleuré..
Moi, je viens de la banlieue de Mulhouse..celle où "l'on a toujours le blues" comme dirait Mr Eddy..
J'étais pareil ado, tout ce que je voulais c'était me barrer..et tout pareil mon "pépé" qui s'est "usé" à l'usine textile fermé depuis allait dans la pièce à côté..Il a tout fait pour moi pépé, m'a trimballé au basket avec sa vieille 504, m'a emmener au exams, a fait le voyage à la grande ville "Strasbourg" pour mon inscription en fac.Et moi je bavais sur cette "vie de merde", cette "ville où y a rien..", et lui il était fière, parce que sa petite fille allait réussir, faire des études...
Et bien demain,sa petite fille va avoir 34 ans, elle a "réussi"??si tenter que cela veuille dire quelque chose, mais pépé il est plus là, il est parti y a deux ans..ET moi, je donnerai tout pour aller me manger un steak-frites au Flunch dans ma banlieue avec lui..Aujourd'hui, ça a bien changé, mais je suis fière d'y avoir grandi, et fière de ma famille d'ouvriers, parce qu'ils ont fait ce que je suis, et surtout j'ai grandi dans l'amour..Y a pas à dire, on peut être très C.. à 15 ans...
La bise et profites de ton séjour..
Fred a dit…
Comme je te comprends...
Pour avoir habité mes 16ères années en banlieue, j'ai ressenti aussi des envies de "grandeur", de quitter une ville grise, triste, dortoire... ( L'herbe est plus verte ailleurs ;))
Marie, je suis pas bien reveillée alors je te dis les choses telles quelles m'arrivent dans mon cerveau, ton blog je l'AIME !
Il ne ressemble à aucun autre, et merci de nous fais partager tes émotions, tes futilités, tes questionnements à l'image de la vie avec un grand V.
J'en ai marre de toutes ces nanas qui se prennent en photo en contre-plongée..ça ne reflète rien, c'est pas positif.

A part ça, je suis nulle en bd, mais je découvre les mangas avec mes pious-pious, alors si ça t'interesse.

Ressource toi bien près de ta famille, c'est toujours une valeur sûre !!!
Voilà, sinon, j'aimerais bien commençer ce printemps par rouler des pelles mais bon c'est pas "ça" et comme depuis hier tu balançes des trucs de plus en plus torrides sur FB, ça ( ce "ça") devient difficile de penser à autre chose, ahaha !!!

Bonne journée.

PS: Fred "theGirl" sur FB, it's me :))
Fred a dit…
Ces photos me font penser au film
" J' ai toujours rêvé d'être un gangster" que j'avais adoré.
Sorry, je cherchais depuis tout à l'heure!
jade a dit…
profite bien de ta famille Marie! et de ta ville qui sait elle peut, peut être, te surprendre!!
SAMO a dit…
C'est beau et émouvant, Marie, ce que tu écris...
Et l'article sur ta ville est effectivement bien écrit, avec de la délicatesse.
Merci de partager cela avec nous et bon retour sur tes terres, alors!
Bonne semaine.
Sonia a dit…
J'ai grandi dans "une cité dortoir», rien à faire après 19h, pas de ciné, pas de bar ouvert si mais seulement pour les "bonhommes" comme on disait. Mais aussi pleins de bon souvenir :)par contre beaucoup de choses ont changé et évolué (pas tous c’est sur…)je le souhaite aussi pour Saint Diziez.Bonne vacances auprès de ta famille et tes amis ça fait tjrs du bien de revenir aux sources.
Biz
Mathilde. a dit…
Je suis toujours fan de ton blog et de tes écrits... Il est vrai qu'il est différent des autres :)

Je ressentais la même chose, ayant grandi pendant mes 12 premières années dans une ville de la banlieue parisienne, Montmorency dans le Val d'oise. De plus, je vivais en HLM et je détestais cet endroit. Je détestais cet endroit qui était si proche de Paris mais qui n'était pas Paris. J'avais même honte d'habiter dans un HLM avec ma mère alors que certains cousins paternels vivaient une vie tellement plus confortable.

J'ai détesté Montmorency jusqu'à ce que ma mère me dise "on déménage dans le sud d'ici 2 mois".
Je n'aurais jamais pu imaginer que quitter cette banlieue soit si difficile, j'avais tout la bas, ma famille, mes amis, mon père.
La première année j'aurais tout fait pour quitter l'appartement pres du bord de mer à Nice et retrouver mon HLM avec son ascenseur "à l'odeur d'urine".

Voilà 8 ans que je suis dans le sud maintenant, avec une vie d'étudiante plutôt confortable, à laquelle je me suis habituée mais moi non plus je n'oublierais pas que "Montmorency, petite ville de Banlieue Parisienne, c'est chez moi".
Au milieu de ces murs dégoûtants vivent ceux que j'aime...Et Dieu seul sait à quel point je me sens bien quand je me retrouve parmis eux, chez moi.

Par contre, j'attend toujours le moment où j'assumerais. Problème de maturité sûrement.
Il va bien falloir qu'un jour j'accepte de dire "je viens de Montmorency" et pas "Je viens de Paris".
Anonyme a dit…
Encore de belles emotions dans ce post ! je m y retrouve aussi... Comme tu t en souviens peut etre je viens de Thionville dans le 57, synonime de crise de la sidurgie, ville dortoir hors de prix a cause du Luxembourg, etc... et mon adolescence n a ete faite que de reves de Nancy, puis d Italie et d ailleurs, je me l etais promis, je ne vivrais pas a Thionville quand je serai grande et encore moins mes enfants !
Voila 2 ans que j habite a nouveau le coin, ma fille est scolarisee dans une maternelle d un village attenant et meme mon mec a demenage pour rejoindre Thionville... Alors je me dis encore souvent que c est un peu la loose d etre tjr la, mais la possibilite de voir ma famille et des vieux copains "valeur sure" hyper souvent, et de pouvoir raconter mes souvenirs a ma fille devant la moselle et la tour au puces, ca me rend pt etre un peu plus forte que dans une megalopole ou je ne m y serais probablement pas retrouvee...

(bon les toits rouges a la star treck c est vrai que c est un peu hardos quand meme ;-)))

LOVE

Anonyme Amande
Khaïra a dit…
que dire ? tu sais que je te comprends hein ?
toutes mes copines avaient ce sentiment de fuite, partir faire ses études à reims ou nancy était le seul moyen. Bizarrement,j'ai jamais eu ce sentiment en moi, j'ai toujours aimé Vitry. En fait, je me suis toujours sentie chez moi là bas.
je rentre à Vitry ce we, (je rentre un we sur 2 voir mes parents). Quand j'y rentre, je ne dis pas : je rentre chez mes parents mais je rentre chez moi. C'est un détail que mon mari relève toujours ...
Anonyme a dit…
waaahou et bien là touchée en plein coeur, je ne connais pas Saint Dizier mais c'est ton chez toi et ton texte est magnifique ! Bravo
Miss Purple a dit…
C'est mignon, le passage sur ton papy...
Bien obligée d'avouer que j'ai dû regarder où c'était sur une carte.
Moi, la toulousaine qui habite à Paris, je suis nulle en ville du nord-est.

Pareil, je retournerais pas vivre à Toulouse, mais je bondis si quelqu'un en parle comme de la province avec un petit p...
Laure M a dit…
Je connais cette envie de partir...
Marie a dit…
J'ai aussi connu cette envie de me casser et puis finalement je suis revenue ... Ce qui m'a fait de la peine dans mon article, c'est ton grand-père, ta famille ... Je m'y reconnais tellement ...
Pauline a dit…
Oh bah dis donc tu viens de Saint Dizier! Le chêne St Amant, le Cora du Vert Bois, la couronne de Gigny, L'UJB, etc...
Comme beaucoup de personnes, tu as eu envie de partir! Moi la 1ère! La fin du lycée marquait pour moi la fin de cette vie bragarde! J'étais contente! Mais au final, j'y retourne tous les 15 jours. Mes souvenirs sont tous là bas, ma famille, quelques amis.
J'aurais peut être la chance de te croiser ce weekend! :)
Isabelle a dit…
C'est un très bel article, plein d'émotions... Moi aussi ça me parle et j'en ai eu les larmes aux yeux. Merci
Anonyme a dit…
«L'adolescence n'est vraiment pas l'âge des délicatesses...» C'est si bien dit!! Merci de partager tout ça avec nous :-)

Valérie de Montréal
Anonyme a dit…
Sublime article, je me sens tellement proche de toi en cet instant, moi c'est Metz que j'ai détesté et méprisé pendant des années et, maintenant que je l'ai quittée, me rend si nostalgique, elle me manque terriblement. Merci ma jolie Marie qui m'a fait vibrer aujourd'hui. Bisettes.
Caro.
Anonyme a dit…
je suis de saint dizier!!!! incroyable jamais je n'aurait cru que tu etais bragarde aussi!!! moi je ne suis jamais partie pas eu trop le tps parce que des fois les choses d ela vie vont plus vite que prevue et on a plus le tps de partir au final... et puis bizzarement mon vert bois city beach je l'aime et je l'ai ds la peau lol c chez moi comme tu dis. depuis 6 mois je suis dans le centre ville. je suis parti de ma cité pour mes enfants. alors qu'au fond je veux qu'ils sachent d'ou je viens, d'ou ils viennent! et bien l'air est devenu trop pesant et plus trop en adequation avec ce que je veux leur inculquer... et c le coeur brisé en mille morceaux que j'ai quitté ma tour... alors welcome home chic fille et peut etre qu'a l'angle de chez BIBA on se croisera ;)

antheresse@hotmail.fr
Anonyme a dit…
on voit l'usine miko de chez moi si tu veux une photo de nuit je te l'envoie parce qu'elle est juste sublime avec l'eclairage ;)
modebea a dit…
Touchée ! Je connais Saint-Dizier. Ma grand-mère est de là ! Une vraie Bragarde de 91 ans aujourd'hui. Elle a quitté cette ville après la guerre et elle me la raconte régulièrement... comme quoi, on peut toujours vouloir partir de sa ville mais la garder dans son coeur ! Je vais aller voir rue 89 !
Anonyme a dit…
Oh lala, comme je te comprends. Moi je suis de Châlons-en-Champagne, je pense que tu connais. Je fais mes études à Dijon et du coup, je ressens la même chose que toi. Le train passe par Saint-Dizier quand je rentre chez moi, je penserais à ta note de blog, ça me fera sourire :). Merci.

Claire.
axeletaude a dit…
Bonjour,

Je suis tombée par hasard sur ton blog via le lien de "Coline". Je regarde les pages de ton blog et là je tombe sur ton post de Saint Dizier. Je me suis retrouvée projetée 10 ans en arrière à Saint Dizier dans la cour de mon lycée à St Ex...ouah. Tes pensées étaient les mêmes que celles que j'ai eu il ya 10 ans. Je suis partie très vite car peu de travail. Et un jour j'y suis retournée pour le mariage d'une amie et là pleins de souvenirs sympas quand je me suis baladée dans la ville. En résumé cette ville fait partie de nous...c'est notre enfance même si elle est ce qu’elle est.
Merci pour ce retour en arrière
Anonyme a dit…
J'ai aujourd'hui 47 ans dont 20 passés à st-dizier.C'est vrai que la ville n'est plus ce qu'elle était,l'exode vers les grandes villes l'a dépeuplé.Mais où que l'on soit,quoiqu'on fasse,on reste attaché à cette ville qui a bercée notre enfance et notre adolescence.Et c'est toujours avec un énorme plaisir que j'y retourne le temps d'un week-end pour voir la famille,pour revoir les amis du vert-bois et se remémorer ces moments inoubliables passés dans une ville, certes sinistrée aujourd'hui,mais toujours peuplée de "braves gars" fiers de leur cité.

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