DEVIENS CE QUE TU ES...




Fraîchement bachelière, je m'en vais, pleine d'espérances pour faire mes premiers pas dans la grande ville.
Nancy me paraît immense, tellement différent de ma ville natale où tout était petit, étriqué, gris et un peu triste.

Je ne savais pas bien ce que je voulais faire, je n'avais jamais vraiment eu de difficultés scolaires mais n'ayant pas l'âme d'une ultra-travailleuse, je suis tout naturellement allée à la fac.

Et j'ai continué tant que ça roulait.

La première année de Deug est un virage pour moi. Je découvre à la fac des cours pour le moins exotiques: histoire de la téloche, analyse de l'image, sociologie des médias... Des choses qui, en sortie de terminale, me donnaient l'impression d'être sur Jupiter.

Ma culture populaire, dont j'avais toujours été un petit honteuse, était d'un coup reconnue. Comme ça, dans le prisme universitaire, une partie de ma culture devenait presque légitime. Et ce qui ne m'était jamais apparu comme un travail, un effort, me permettait d'avoir de bonnes notes.

Avoir regardé Buffy, écouté Public Ennemy, vu et revu la Cité des Enfants Perdus me permettaient d'accéder à autre chose que le pur divertissement et la prise de plaisir. Toutes ces choses me permettaient de, pourquoi pas, envisager mon avenir.

...

Le temps a passé depuis. J'ai quitté la fac...

Le non-effort?

Il est difficile d'intégrer mentalement que le travail, celui qui nous permettra de gagner de l'argent, puisse être, indépendamment des responsabilités, des obligations et du reste, un PLAISIR.

Comme tout un chacun j'imagine, je suis pétrie d'orgueil, un orgueil qui me faisait penser enfant que je ne finirai certainement pas à genoux, que je serai digne, grande et lumineuse, quoi qu'il arrive.
Et le temps passe et les promesses que l'on s'est fait aussi se barrent. C'est à ce moment qu'arrive "l'adultie", qui est peut-être tout simplement une invention de l'esprit pour masquer le désir originel et s'empêcher de souffrir.

J'aurais dû me souvenir que l'on est jamais aussi bon et compétent que lorsque l'on est passionnée, enthousiasmé, même s'il faut pour ça, élargir le champ des possibles de son cerveau.

Je me suis longtemps crue insatisfaite, pas remplie (ce qui est une manière améliorée de parler du vide), je n'en suis plus si convaincue!

Dans le fond, il n'a toujours s'agit que de désir. D'un désir pur, qui ne s'est pas encore cogné au monde, qui existe pleinement, sans concession. Même s'il ne reste qu'au stade de désir, il est pleinement nous.
Révélateur de ce qui se passe tout au creux.

Il faut être extrêmement attentif à ses désirs, ils sont nettement plus révélateurs de ce que nous sommes que n'importe quelle colère ou crise de larmes. Peut-être que les crises n'explosent qu'à force de frustration et d'aigreur.
De toutes façons, si on ne se trouve pas à la place adéquate pour nous et juste pour nous, on devient terne de partout.

Réside un problème quand même, sinon il suffirait juste d'appliquer ça au pied de la lettre et tout le monde serait content, non?
J'sais pas moi, par exemple: la société, la maman, le papa, la maîtresse, le prof de français, le J.T de Pernaut, le gouvernement, la Bourse, prennent une si grande place dans la vision que l'on se fait de l'amour, du couple, de la réussite, du travail, de la famille, du voyage, de la grandeur, de la petitesse, de l'ultra lumière, qu'il arrive forcément de s'égarer.

Mais dans le " VRAI" fond:

✓ Qu'est ce que je veux?

✓ Si j'aime telle ou telle chose, j'aurais forcément une prédilection, une aisance pour elle. Déjà parce que je peux y passer du temps, de l'énergie et des nuits blanches, ça, ça aide à être productif!

✓ Pourtant si j'aime le faire et que je je fais bien, c'est sûrement que ça cache quelque chose? Il ne peut y avoir qu'une contre-partie? On nous bassine tout le temps avec la notion de labeur, de tâches à effectuer c'est que ça pourrait pas être si plaisant le travail?

✓ Rêver grand? Pourquoi? Pour échouer pire? Non c'est déjà un peu cassé par endroit, je préfère pas, je vais faire gaffe!

Je sais qu'il existe des gens qui kiffent, sinon on a qu'à tous demander où est le gaz pour en finir.
Pourtant il arrive chez certaines personnes, d'être bloqué. Elles ont des prédilections pour certaines choses mais restent clouées au sol, avec tout le poids de l'apesanteur sur les épaules, alors c'est sûr ça les rapetisse vachement. Sortir de tout ça, se fier à son instinct, arrêter l'analyse à outrance, arrêter le trouille à outrance par la même occasion, ne plus avoir peur de décevoir si ce n'est soi et uniquement soi, devenir quelque chose que je n'ai encore jamais fait...

DEVENIR INSTINCTIF. Qui, hormis moi, sait ce qui est le mieux pour moi...

Je vous embrasse.

La photo est une photo prise d'une oeuvre de l'artiste Audrey Kawasaki.

Commentaires

Khaïra a dit…
tu vois, y a une phrase, mais une seule où tu résumes tout, où je me retrouve 100milliards de fois et plus.
j'ai envie de dire pleins de trucs mais je vais m'arrêter à ça : encore un texte pertinent, profond, d'une justesse de ouf.
c'est tellement profond que j'en ai du mal à commenter
ps: un perf balenciaga ? je me suis bien fondu la poire pour le coup !! nan, parce que même le zara ou le schott, je suis pas sûre de pouvoir!
Maman des villes a dit…
Hello Marie,

J'ai tout suite eu un coup de coeur pour la photo.
Ton post me parle beaucoup, surtout ces derniers temps, je t'en avais d'ailleurs parlé dans un mail.Je me fais l'impression d'être "cloué au sol"comme tu le dis...
Moi, qui suis d'une nature gaie, enjouée et rieuse cela m'amène à la colère, je me dis "attention, c'est pas ça dont tu rêvais petite.."

Ca me fait penser à la chanson de Bruel "et toi tu voudrais faire quoi?ben, j'aimerai bien..mais..
Oses!
oui mais..
Oses!"
Vaut mieux vivre avec des remords , que des regrets..
Oui, façile à dire, hein..
Oser c'est autre chose..
Je t'embrasse, je te kiffe, quand je te lis j'ai les pieds qui se décollent un peu du sol!!!
Anonyme a dit…
Bravo Marie!!!
Je te lis souvent et dans tes mots il y a toujours quelque chose qui ouvre une porte (ou deux). Merci.
Ciao
Olga
Marie a dit…
Khaïra : Merci Beauté... Ben quoi, je pouvais tenter pour le perf Balenciaga, que je n'ai aps non plus hein, loin de là...

Maman des Villes: Elle est belle cette œuvre!
J'avais un ami qui disait une phrase très vraie et qui j'espère te parlera, "le non, tu l'as déjà dans la poche"... Alors tu risques quoi, au mieux un oui au pire, pareil que maintenant. Il faut pas se laisser bouffer par l'amour-propre, il ne sera pas humilié par si peu, en tous cas pas par un mini-échec!!!
Je t'embrasse et merci pour tes mots....

Olga: Merci beauté, c'est très gentil!
@nnoushka a dit…
Je pense que sur du long terme ça fait plus mal de ne rien faire du tout que de tenter et d'éventuellement se casser la figure! Si il y a bien une source intarissable dans notre coeur c'est celle du désir et des envies!....
anne c a dit…
My God, on est en plein dans les tourments du moment !!!! tu tombes à pic ! Qu est ce que je veux vraiment, est ce que j en suis capable, arrete de rever, agis....blablabla... Maintenant faut remettre tout ça en ordre et prendre les etapes les unes apres les autres...c est duuuuuuuuuuuuuur !! Au fait, sympa le body tricoté.
aurélia a dit…
tout est si vrai...mais tout semble si difficile à mettre en route, si ce n'est en oeuvre... ton post est celui qu il me fallait aujourd'hui, merci!
plein de bisous ma belle
Claire a dit…
Wahou Whaou Whaou...
Ce post me parle tellement..
Merci Marie pour ça..
Tu m'as mis les larmes aux yeux.. je me reconnais tellement dans ce post..
Je suis sur le cul..
Merci Merci Merci

Ps: euh je sais pas, c'est peut etre con et je me trompe surement parce que c'est toi la reine des mots ici, mais on dit pas "LA PESANTEUR" dans le cas de ta phrase? et non "l'apesanteur"..
ds ce mot là, le "a" est privatif..Enfin je sais pas..

des bisous
Caroline a dit…
Je ne laisse jamais de commentaire d'habitude, mais là je me sens directement concernée (et puis Audrey Kawasaki !), donc...

Là je ne suis pas encore dans la vie active, je suis en classe prépa scientifique (maths spé pour être plus précise), c'est LA filière où on doit bosser comme des dingues pôur avoir une bonne école et finir tranquillement ingénieur avec plein d'offres de CDI bien payés.

Et pourtant ce que j'aime... c'est du domaine de l'artistique. La musique d'abord, mais aussi en autodidacte le dessin, la photo, et pourquoi pas la couture, le théâtre, reprendre la danse si j'avais le temps.
À l'insu de mes parents, pendant plus d'un an (inclus dans mes deux années de prépa, ce qui m'a vallu des regards d'incompréhension de la part de mes camarades de classe), j'ai fait partie d'un groupe de rock. J'ai chanté, j'ai composé, j'ai écrit des vers en anglais. J'étais inspirée, je pouvais passer deux nuits blanches de suite pour finir un texte ou une partition, alors que mes devoirs de maths et de physique attendaient depuis une semaine, mais c'est cette bulle qui me faisait sentir productive, créative...

C'est bientôt la fin de l'année, j'aurai le choix entre aller dans une école d'ingé moyenne, retaper la deuxième année pour avoir une meilleure école l'année prochaine, ou changer de voie et aller dans une filière de la fac qui me parle.
Et malgré tout ce que mon instinct me dicte depuis un an et demi, je choisirai sûrement de retaper. Parce que quand on n'a pas de diplôme, donc pas encore d'avenir, et qu'on a la possibilité d'en avoir un qui garantit une stabilité financière mais qu'on aura une seule fois l'occasion d'obtenir, ben on prend. On applique le principe du "ce que j'aime faire, je pourrai toujours le faire plus tard, alors que ça, même si j'aime pas, on peut pas cracher dessus tant qu'on n'est pas indépendant".

Et à côté, un groupe Facebook lance le débat. "Je suis devenu ingénieur sur un malentendu mais j'assume". La plupart ont visiblement utilisé les mêmes prétextes que moi pour trouver la motivation de rester, mais une fois devenus ingénieurs, n'ont plus cherché à aller voir ailleur.

Dilemme.

(Désolée d'avoir été longue pour une histoire qui n'intéresse à peu près que moi.)
Merci beaucoup Marie pour ton blog, pour tes posts plein de justesse.
Plein de bises !
Galaecia (Vanessa) a dit…
Oh là, cette fois je sens que tu reviens en force!
Extrêmement profond.. à apliquer dans bcp de situations et me correspond en ce moment..
Revirement amoureux après divorce... et franchement parfois on se sent perdue et on a plus les mêmes certitudes...

Mais comme tu le dis bien:
Sortir de tout ça, se fier à son instinct, arrêter l'analyse à outrance, arrêter le trouille à outrance par la même occasion, ne plus avoir peur de décevoir si ce n'est soi et uniquement soi, devenir quelque chose que je n'ai encore jamais fait...

Merci...
Marie a dit…
@nnoushka: Tu as raison, elle est intarissable...

Anne c : Merci pour le body! Et pour le reste, courage à toi... bise!

Aurélia: Mettre en route? Oui c'est la première impulsion qui compte!
Bisous aussi!

Claire: Merci!!! :-) :-) :-)
Oui tu as raison, j'm'a gouré. Je vais changer ça. Merci, et non je ne suis pas la reine des mots, si seulement ;-)
Bisous!

Caroline: D'abord merci pour ton com, je les aime d'amour lorsqu'ils sont aussi personnels!
À lire les perspectives d'avenir de l'ingénierie, je me dis que ça aurait été pas mal que je sois plus scientifique ;-)
Y a un truc intéressant dans les dilemmes, c'est que souvent, il y a une autre alternative qu'on avait pas forcément privilégié!
Je comprends que tu retapes ta prépa, c'est le plus sage. Mais quitte à faire les choses qui semblent t'intéresser modérément, autant le faire avec excellence, tu pourras encore plus crâner. Mais, si je n'abuse ingé c'est 5 ans, même si tu vas bp bosser j'imagine, rien ne t'empêche de ne pas "renier" ce que te dis ton coeur. La certitude d'un diplôme à moyen terme et la possibilité de faire ce que tu aimes aussi, sans la pression de l'argent, c'est plutôt fin cool. Le beurre et l'argent du beurre. Sauf que, j'imagine qu'un diplôme d'ingé a plus de valeur tout de suite, après l'obtention du diplôme plutôt que plusieurs années plus tard...
Sauf que la vie, c'est pas des choix juste entre 20 et 25 ans, tu as tout le temps, de faire et d'être autre chose.
Je t'embrasse, prends soin de toi...

Vanessa: Je l'espère. Que je reviens en force! ne plus être cyclothymique, ne plus être cyclothymique ;-)
C'est vrai que ça vaut aussi pour l'amour. Mais, quitte à être mièvre, ça ira mieux. j'en suis sûre!
Je t'embrasse
Anonyme Amande a dit…
jolie fee,
je commente moins en ce moment bcause trop trop de boulot, mais ds mon periple autoroutier quotidien je repense chaque jour a tes articles et je philosophe toute seule autour des themes que tu souleves !
Je t epargnerai mes reflexions pr une fois ;=) mais je voulais souligner une fois de + ta justesse et dire le plaisir que j ai a te lire.
Anonyme Amande a dit…
je me permets juste de reagir (apres coup) sur le post de caroline (non mais pr qui je me prends moi ...?! :=)) qu elle ne liera peut etre pas mais au k ou...
J ai fait le choix de privilegier la stabilite financiere en choisissant un job que me voleraient bien volontiers des filles sorties d ecoles de commerce, en me disant justement que j aurai le temps + tard de bifurquer vers mes passions... Et 10 ans apres j y suis toujours... avec pas mal d insatisfaction et d amertume... Et si cela m apporte qd meme plein d avantages pecuniers et d ego aussi, je regrette de ne plus avoir 25 ans pour prendre les risques que le fait d etre maman quasi seule m interdisent aujourd hui...
Alors juste une chose... ne nous endormons pas (trop) longtemps sur nos lauriers ou nos oreillers ;=)
Marie a dit…
Amande chérie: Tu fais comme tu veux, tu es libre et puis tu sais, quoi qu'il arrive, je sais toujours que tu es un peu là, à chaque fois.
Bisous!
minhoi a dit…
je poste jamais mais je te lis souvent, il est vraiment bien ton post.
Moi j'en ai tellement chié enfant et ado que depuis que j'ai ma vie en main je fonce, un boulot qui me plait plus je me tire pour un payé deux fois moins bien (-700 euros par mois véridique) et sans sécurité de l'emploi....mais j'adore au moins je m'eclate

le tout c'est de pas faire trop de vagues quand y'a une vie de famille, s'ecouter sans sacrifier le reste

mais c'est possible
Caroline a dit…
Marie : oui en fait c'est deux ans de classe prépa + trois ans d'école d'ingé.
Sur ces cinq ans, seules les deux années de prépa sont les années difficiles, celles où on sacrifie tout pour être les meilleurs aux concours d'entrée aux écoles d'ingé. Une fois ton école intégrée, tu ne fais plus grand chose, tu attends tranquillement le terme de ta formation. La grande majorité de ce qu'on apprend en prépa ne sert strictement à rien (en tout cas pas directement... que veux-tu faire de la démonstration par dichotomie du théorème de Bolzano-Weierstrass...) après les concours.
Donc le principe (qui parait cool oui, je le trouvais parfait quand j'ai eu le bac) c'est : tu n'as pas de vie pendant deux ans, et t'as la belle vie tout de suite après. C'est parfait pour ceux qui n'ont pas de passion, ou qui sont passionés par une nos matières scientifiques. Et les autres, ceux qui ont arrêté la musique, le sport, les sorties culturelles et ont cédé à la pression (moi je suis anormalement zen, peut-être parce que je ne me sens pas à ma place), je les ai vus se transformer.
En fait j'ai peur, en renonçant (même temporairement) à ce que j'aime faire, de perdre mon "intégrité".

Anonyme Amande : Merci pour ta réaction. Oui c'est le côté pervers de la chose : on se plaint de ne pas faire ce qu'on veut, mais au moins on peut le faire et on peut s'en vanter, y'en a qui tueraient pour avoir cette capacité. (Je suis coupable de me plaindre et de ne rien faire, m'endormir comme tu dis... Décide-toi et bouge tes fesses, Caroline !)

Bisous à toutes.
aurélia a dit…
marie je peux utiliser ton espace des coms pour dire un pti mot à caroline? merci tout plein!
alors caroline: vas y lance toi, n hesite plus! tu as la chance d'être lucide et au clair sur tes envies et tes ambitions à un âge où tous les possibles et tous les rêves sont encore permis -et réalisables!- avec un minimum de ramassage de gueule financier et social... je sais, c est facile à dire.. mais y a un peu plus de 10 ans j'étais à ta place, sauf que plus embrouillée et plus prise dans une vie de n importe quoi. alors chui allée jusqu'au bout, jusqu'au putain de diplôme...Pis j'ai tout largué pour faire autre chose...et ca a été dur: pas de tunes, peu de soutien, beaucoup d'incompréhension...aujourd'hui je ne regrette plus mon parcours, je suis simplement un peu déçue de ne pas m'être accordé la confiance que je méritais plus tôt :-) et pour finir, un diplôme, fut il d ingénieur d une grande école, ne met à l'abri ni du chômage, ni des postes minables et des salaires à l avenant...je t embrasse!
merci merci ma chic fille! et désolée d avoir squatté :-)
Anonyme a dit…
marie..............!!
Plus que jamais j'ai été ému par ce texte,cet appel au bonheur ,le plus simple et le plus difficile à trouver...le sien ,propre et intime!
je me suis permise de le coucher sur papier ,comme pour mieux le comprendre...et surtout pour l'offrir à qql'un que j'aime et qui va mal...de ce coté là de la vie!
Je t'embrasse Seve

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