LESS IS MORE...



Moins est plus...

Oui définitivement c'est ce que je pense de la mode. Je ne suis pas radicale et aime la pluralité mais lorsque je réfléchis à ma véritable conception du "beau" en sapes, j'en viens fatalement à me dire que j'aime le simple. Le moins. Systématiquement.
Cet été, j'ai passé beaucoup de temps avec un jeune homme, bien fait de sa personne, brillant et étudiant en architecture. Parler avec lui de la "construction" et de la "déconstruction" a eu un effet important sur ma perception du beau associé au vivable, pratique et agréable.
Plus nous parlions, plus j'avais l'impression que, certes dans une moindre mesure, les problématiques de l'architecture et de la mode étaient proches.
Les choses dans lesquelles nous évoluons (vêtements ou habitats) se doivent d'êtres jolies, plaisantes et pratiques.
Je n'étais pas sensible à mon environnement citadin. Je ne faisais aucun lien entre l'immeuble et le bien-être. Et je me trompais. Et ce jeune homme bien fait de sa personne me l'a démontré...

En lui parlant de mon amour du minimalisme et de la pureté de la ligne, il se met à évoquer Mies van der Rohe. Architecte allemand auquel on doit cette fameuse formule "Less is more".
Mies, soyons familière, est le constructeur, avec ses gros bras et son gros cigare, de la fameuse Farnsworth House dans l'Illinois. Une maison "pure". Droite. Épurée. Sans fioritures, utilisant l'environnement extérieur comme une vraie prolongation de la construction humaine.



Et de la Villa Tugendhat en République Tchèque.
Du verre. de l'acier. De la pierre. Du vaste... C'est encore plus beau que du Balenciaga tellement ça a été intelligemment pensé.



Alors ce concept du "Moins" en architecture???
Le "Moins" est, de la manière la plus simple, une épuration.
Une des choses qui m'a le plus intéressé dans cette histoire de "mise au net", c'est la réflexion à contre courant sur laquelle elle se basait.
Des éléments pensés s'opposant très clairement aux mouvements architecturaux du Rococo ou de l'Art nouveau pour ne citer qu'eux.
L'Art "chargé" (désolée pour le vocabulaire, je suis néophyte) est blindé de références artistiques, culturelles, historiques, naturelles, animales... Il s'agit bien de culte du Beau. De l'art pour l'art, complètement éloigné des réalités sociales et industrielles du moment (téléphone, radio, voitures, aviation naissant à cette même période).

"Less is more" apparait alors comme une réponse radicale, s'inspirant des lignes pures de l'industrie naissante... Il s'agit bien au bout du compte de rallier la notion de pratique à celle du beau. Il s'agit aussi de réfléchir à un autre beau, de réinventer quelque chose sans aucune référence ancienne. Une vraie démarche artistique moderne en quelque sorte.
Les habitations se devaient d'être fonctionnelles, et chaque chose se devait d'avoir une utilité...

Le couturier Paul Poiret en supprimant les silhouettes féminines du corset a souhaité faciliter la marche, alléger la silhouette. En abandonnant les dentelles, les postiches il devient partisan d'une certaine simplicité en mode.
Et comme il voulait une "Surfaces unies, arêtes vives, courbes nettes, matières polies, angles droits, clarté, ordre. C'est ma maison logique et géométrique » il fit construire la Villa Paul Poiret par l'architecte Robert Mallet-Stevens... Très "less is more" cette histoire!




Ok j'en ai fini avec mes digressions...

Il y a 3 ans, je lisais une interview d'Helena Christensen où la beauté (mon dieu qu'elle est belle elle) expliquait qu'elle mettait peu de bijoux.




Que quasiment à chaque fois elle trouvait que ça faisait "trop". Ce "trop" est quelque chose qui ressort régulièrement face aux femmes qui vieillissent. Le trop n'existe pas à 15 ans. Ni à 20 d'ailleurs. Mais, souvent, plus les choses avancent et moins les femmes se maquillent, moins elles chargent.

Même si je ne suis pas fan de Calvin Klein ou de Jill Sander en mode, lorsque je regarde ce qui me plait le plus à l'oeil, je suis fatalement attirée par l'épuré. L'épuré ne valant, de mon point de vue, que s'il est pensé.
En mode la qualité première de ce qu'on appelle le casual, c'est le confort. Et donc par extension la fonctionnalité. Le vêtement se doit d'être pratique et confortable. Je ne veux plus être entravée, déguisée, chargée, cocottée, parce que ce n'est juste pas moi. Et le vêtement permet de traduire à l'autre ce que j'ai en moi. Le vêtement, même simple, est une traduction de ce qui se passe en moi. De ma conception du joli.
Ceci dit, je trouve que le "fonctionnel" ne prend véritablement son sens que dans la pluralité. Une pluralité marquée par les couettes fluos, les longs manteaux noirs gothiques, les talons vertigineux bleu électrique, les joggings en soie travaillés, les jupes droites et vaguement vicieuses, les cravattes, les crêtes, les nattes fleuries et les carrés lissés...

Les choses seraient bien tristes si tout le monde était adepte du casual comme je le suis. J'aime que les choses soient diversifiées, alambiquées, compliquées aussi en mode. Ce n'est pas pour moi mais j'aime que ces choses existent...
Mais j'aime que les choses simples soient finalement aussi réfléchies que les plus "travaillées"... Et j'ai l'impression que ces choses valent pour tout ce qui a attrait à la construction et aussi à la déconstruction...

Et pendant ce temps là, y en a qui continuent à dire qu'on est que futile...

Commentaires

Melle. Marion a dit…
Oooooh t'as foutrement raison !

D'ailleurs ça convient aussi pour la peinture. Le courant minimaliste qui est tant décrié car selon certains "faire des ronds et des carrés, tout le monde peut le faire". ( sauf que bon, ils l'ont pas fait euh!)

Alors que merdouille, le minimalisme, c'est une vrai réponse au pop'art et à son symbolisme trop présent.

Bref, euhhh je vais m'arreter là hihi !

Trois derniers mots: LESS IS MORE !
Anonyme a dit…
Peanut:

On parle architecture, mode, maquillage, etc. et c'est la raison pour laquelle j'aime autant lire ton blog. Quelle bouffée d'air frais! Merci beaucoup.
Tu ne suis pas la mode kleenex bêtement, tu t'interroges, tu as trouvé ton style et t'assures grave!!
Ahhh je redoute le jour où tu vas arrêter ce blog! (bon en même temps, il te faut bien vivre ta vie non!!! mais quand même!)
Biz
Anonyme a dit…
J'ai bossé dans une agence d'archi, j'y ai également rencontré un garçon (tout ça tout ça) qui trouvait plein de ressemblances entre la mode et l'archi. Et qui trouvait ça rafraîchissant.
Moi aussi, je suis totalement admirative de Mies. Et depuis, j'ai une table Charlotte Perriand chez moi (eh oui, ebay c'est bien pour Isabel Marrant, mais pas que!)
Marie a dit…
Melle Marion: Ok que oui. J'ai appris que très récemment que le courant minimaliste en peinture était aussi une réponse au trop.
Comme quoi...
ouais comme quoi ça veut pas dire grand chose mais ça conclut bien les choses, non?


Peanut: Merci jolie peanut. Ca me fait très très plaisir ce que tu me dis là. vraiment.
Bon comme je suis quand même revenue il y a peu, je ne vais pas arrêter de blogguer tout de suite...

Mzelle Fraise: Ah le garçon "tout ça tout ça", j'vois le genre!!!
C'est ce que m'a dit mon ami aussi. Que tout ça était rafraîchissant...
Etant plus que néophyte en la matière, je m'en vais de ce coup de clavier voir qui est Charlotte Perriand... Ben ouais, ça sert aussi à ça les blogs. À plus savoir!
Anonyme a dit…
Sujet interessant bien décrit, vulgarisé. Mon premier article sort cette semaine dans un magazine d'architecture... Mon mari est architecte, les meubles, les lampes, les objets je connais un peu !!! La mode et l'architecture font très bon ménage, je dirais l'art et la mode de plus en plus de manière générale. Fin août, à Lausanne, s'est tenue une expo de mode en collaboration avec le magazine pour lequel je travaille. Voilà, je ne loupe pas tes billets on sent qu'il y a autre chose... Tu les alimentes et les argumentes. Depuis que j'ai un blog des gens de ma vraie vie ne comprennent pas et les blogueuses un monde cruel pour être lue...Bref, la vie, la mode mais pas que... bises et bravo pour ce sujet. A propos Mies a créé le fauteuil de mes rêves... mais faut que je gagne à la loterie d'abord.
Anonyme a dit…
j'arrive probablement après la guerre.
Mais ce qu'il y a de compliqué dans la mode c'est le nombre d'être humain qui s'habille sur terre, et bien évidemment si votre tenu est nul un jour, elle peut ne pas l'être le lendemain. Alors qu'une maison si elle est moche un jour elle est moche toujours.
Deuxième chose, un vêtement est plein il recouvre le corps, mais une maison, elle n'a pas a se courber ou a se gonfler, pour les gens qu'ils l'habite.
nan...oui... ???!!!!
Marie a dit…
Sarah: Merci c'est gentil... et pis quand je maîtrise un tout petit petit peu les choses, j'arrive bien à les vulgariser... Normal, j'en ai une vision populaire...
En tous cas merci de tes gentillesses. c'est juste que je trouve que la mode est un sujet bien moins simple qu'il n'y parait. Il est expression alors fatalement plus complexe qu'au premier abord...


Anonyme: Ouais!
Et nan aussi...
C'ets vrai que les maisons et les habits c'est pas tellement tout pareil, mais ça n'empêche de comparer...
Tu sais que je suis à mon max de réponse là mon ami!!!!
Anonyme a dit…
ah...mon homme est architecte, et je m'étais dja faite la reflexion... la mode et l'architecture c'est pas si éloigné :)
Marie a dit…
Emiii Belgium: Ah t'avais repérer le truc toi aussi...
Grand dieu que nous sommes malignes!!!

Articles les plus consultés