CLASSE / ÉTOILES / AMBITION
(Laisse moi kiffer en mettant Buffy)
Quand j'ai vu cette vidéo, comme beaucoup j'ai été profondément émue.
Mr Ramires qui regarde ses élèves danser, qui les encourage, toute sa concentration tournée vers leur progression, accompagnant leurs ambitions, j'ai trouvé ça hyper beau.
Et le crew déchire, ce qui ne gâche rien.
Ce qui m'a tout particulièrement frappée c'est la manière qu'il a d'accompagner ses mômes dans leurs rêves. Il a l'air de les pousser loin, il a l'air de les vouloir grands, beaux et dignes.
Mon prof principal de l'époque était mon prof de français, grand mec, veste velours, cheveux poivre sel un peu longs dans la nuque et lunettes rondes.
Je me souviens de peu de choses de lui, juste qu'il idolâtrait Jules Vallès et qu'il n'était pas le roi de la guignolade.
Et je me souviens aussi d'un autre truc.
Un jour, fin de cours, je ne sais plus très bien de quoi il nous avait parlé, donc difficile de vous resituer le contexte. Ce dont je suis sûre, c'est que le cours avait été normal et calme.
J'imagine qu'il nous parlait du style en littérature et du talent.
Il digresse, seul et nous sort cette phrase, " Tiens, là, si je décidais de sortir de la salle, de vous laisser là pendant des heures, porte fermée, à attendre que vous écriviez un truc je ne sais pas ce que ça donnerait. En revanche, ce dont je suis sûr c'est que ça ne serait pas du Proust".
...
Sa phrase venait de nulle part, gratuite.
Je n'ai pas compris vraiment ce qu'il voulait dire, mais ça sentait pas le compliment.
Il l'avait dit comme ça, en riant, comme une boutade.
Il se moquait un peu de nous.
Quand il nous disait "ça ne serait pas du Proust" il nous disait bien que ça ce qu'on écrirait serait médiocre.
Et c'était peut être vrai, je n'en sais rien, mais rire de ça, sans la moindre poésie, sans une once d'espoir, je me demande quel intérêt il fait à le faire?
Re-silence.
Je n'avais jamais eu envie d'écrire à cette époque, pourtant j'avais été assez choquée de l'entendre nous dire ça. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire de nous montrer que l'inaccessible à force de travail aurait pu être réel? Qu'est ce que ça lui aurait coûté de nous faire rêver? De faire qu'on se sente capable? Ca lui aurait coûté quoi de croire en nous?
Voilà, entre autres, pourquoi j'ai trouvé la vidéo de Mr Ramires émouvante.
Commentaires
Par deux fois j'ai du faire face à ce genre de comportement, au lycée et en études supérieures dans une grande école (ils sont souvent forts pour te faire comprendre que t'es une merde).
Je me suis bougée, et j'ai dépassé leur jugement pour leur montrer que j'étais douée.
Et puis un jour j'ai capté que mon leitmotiv ne devait pas être la colère que j'avais envers eux, qu'on n'avait pas besoin de souffrir pour s'accomplir.
C'est des conneries ça, le côté "plus tu morfles, plus tu le mérites", ça ne sert qu'à façonner des individus qui jamais ne se trouveront légitimes dans ce qu'ils font. Qui trouveront toujours moyen d'associer leur talent à la chance et qui auront une tendance à vivre le "syndrome de l'imposture".
Moi aussi je l'ai aimé Mr. Ramires, et j'ai aussitôt repensé à ceux qui comme lui m'ont élevée.
On dit trop pardon mais jamais assez merci.
Merci Marie de nous ouvrir encore plus les yeux.
LNK: Mais est-ce que tu penses qu'ils nous disent qu'on est des merdes parce qu'ils le pensent profondément ou est-ce que c'est une manière de booster?
je suis vraiment dubitative...
Pour moi, tu ne peux pas faire ce métier sans l'aimer, sans le vouloir (c'est comme nos infirmières, sages femmes), tout est dans le vouloir aider l'autre.
Pour moi, la catastrophe ne fut pas professorale, mais bien au niveau de conseillers d'orientation. Je ne sais pas si ce métier existe encore, mais franchement toute ma vie je leur en voudrais de m'avoir mise en échec et de ne pas savoir quoi faire de moi.
Pour changer de sujet, j'ai pensé à toi car en lisant les Inrocks, j'ai vu qu'un nouveau magazine sortait sous le nom de "Chic Fille" ! avec Jean Seberg et Sagan en couv, oui t'y crois toi? c'est du sur mesure pour toi qui te lance des défis d'arrêter cette lecture. Bon je te résume l'article : revue féminine et culturelle. Au programme : ni mode, ni beauté, ni actu mais des histoires ou des portraits de personnalités toutes générations confondues, ayant en commun une certaine idée de l'indépendance.
Ecoute, ça donne drôlement envie, bon là où il se gratte pas c'est le prix 12e ! ouaih la classe a un prix
http://ruefromentin.com/book/chic-fille-revue/
siouxsie
Un truc très solaire, positif, bienveillant, énergisant... très beau comme tu le dis si bien cette envie qu'ils soient grands beaux et dignes.
Au collège, mon film culte (vu et revu) c'était Esprits Rebelles, autant te dire pas vraiment le même délire que la réalité de mon collège parisien...
bref tout ça pour dire qu'il nous faut plus de Mr Ramires et que Michelle Pfeiffer revienne! (beh quoi?laisse moi kiffer les 90's)
xsmack
tu penses quoi toi ?
LNK : à ce que j'ai entendu dire (n'ayant pas expérimenté!) le truc de mettre des notes volontairement basses et le mépris pour "mobiliser" les élèves, c'est surtout un truc de prépa.. j'adhère pas du tout d'ailleurs !
Bref, mais en lycée et collège je pense que c'est juste du mépris gratuit.
J'ai grandi en banlieue un peu pourrie donc les profs qui déclaraient -excédés par le chahut il faut le dire- qu'on était "la pire classe qu'ils aient jamais connue", c'était si fréquent que ça ne m'a jamais fait remuer un cil (à vrai dire je pensais qu'ils le disaient à toutes les classes sans exception - maintenant je me revois, leurs vociférations de crise de nerfs pendant 10 minutes où l'on se faisaient tous engueuler...quelle lose quand même!). Comme j'étais plutôt bonne élève en ce temps-là, individuellement j'ai toujours été soutenue au milieu de cette sale ambiance ! :/
Quel nul ton prof.
A l'inverse, vers 10 ans, j'avais une prof de français très pédagogue que j'aimais beaucoup (j'ai toujours adoré cette matière) et à la fin de l'année, elle a écrit cette phrase dans mon bulletin, cette phrase qui m'a donné des étoiles dans les yeux, qui m'a rendue fière et dont je me souviendrai toute ma vie: "... continue, c'est sûr, tu deviendras la plus grande des écrivains."
Ma maman a quasi pleuré et elle a gardé ce bulletin comme une sorte de talisman, haha!
Malheureusement, la prof en question est partie après une année scolaire. Aujourd'hui, j'aimerais bien la retrouver, juste pour lui dire merci.
Heureusement qu'il y a des gens comme Mr Ramires, c'est beau!
Par contre ton poste me permet de t'écrire ma conclusion (après mûre réflexions ;)) sur ta problématique de la trop grande curiosité de ta personne de la part de tes lecteurs : en fait tu n'écrit peut-être pas comme Proust mais comme Romain Gary ou Daniel Pennac ça oui!!!!! Car oui pour moi tu es une véritable écrivain, avec ton style, ton univers bien à toi. Et même si tes sujets touchent à ta vie (plus ou moins) c'est souvent le départ pour beaucoup d'écrivains..... Mais tes postes sont avant tout pour moi de la littérature, et de la sacrément bonne littérature, même!!!! La grande différence avec Romain Gary c'est que je ne peux pas lui écrire pour lui dire que j'aime le lire et qu'il m'a fait rire ou m'a émue.... Alors qu'à toi oui.... Depuis que j'ai réalisé que tu es avent tout une écrivain, je ne confond plus ta vie privée avec tes écrits....
Et quand tu ne poste plus c'est logique, tout créatif à des instants de page vide....
Merci pour ces purs instants de littérature que tu nous offre, ils sont à chaque fois pour moi des instants précieux ;)
Virginie
Les parents d'élèves me disent que ça fait du bien à leur enfant, qu'une prof souligne leurs progrès avec enthousiasme.
Un élève à qui on sourit, avec qui on est bienveillant, a plus de chances d'être motivé, de croire en lui, et de vouloir bien faire, qu'un auquel on a coupé les ailes.
Je vois tellement de collègues négatifs râler, déprécier des élèves qu'on a en commun, et qui progressent, s'enthousiasment dans mes cours... Je suis convaincue que la différence, c'est le regard qu'on a sur l'élève. Si on croit en lui, il croira en lui, ou, du moins, sera moins réticent à tenter le coup.
J'ai accompagné, avec une collègue, la semaine dernière, nos élèves à un festival musical inter-établissements. Comme moi, elle valorise, encourage, souligne les bonnes choses, a des paroles positives et enthousiastes ("vous avez été supers, je crois en vous, vous en êtes capables, on est fières de vous, vous pouvez le faire !") parce que c'est sincère. Du coup, nos élèves affichaient un sourire d'enfer, se donnaient à fond, et s'éclataient vraiment, tout en respectant les règles (mise en scène, silence en coulisses, timing etc.). Dans ce spectacle, il y avait d'autres classes, accompagnées par leurs profs, beaucoup de tyrans, qui croyaient donner la rage de vaincre à leurs élèves en les cassant ("vous n'imaginez pas la chance que vous avez d'être ici, c'est un honneur, on est obligés de vous faire venir, alors faites comme vous pouvez pour en être dignes. Vous êtes nuls, essayez au moins de faire un truc potable !"), et ces élèves étaient découragés, ils les traitaient en douce de gros c*ns, et se ruaient en coulisses pour médire dès qu'ils le pouvaient. Ils se planquaient derrière les gradins pour râler etc. Normal, ils étaient démotivés, méprisés. A la fin, avec ma collègue, on contrait les vacheries des autres profs en allant aussi motiver les classes des autres lycées.
Après le spectacle, tous les élèves, même ceux des autres établissements, sont venus nous remercier de les avoir encouragés, d'avoir cru en eux, de les avoir boostés "ça nous a fait du bien, madame".
J'ai eu des profs et des gens dans ma famille qui ont énormément cru en moi, en ma capacité à réussir ce que je visais, et ça m'a aidée. Quand je manque de confiance en moi, je me rappelle d'eux, et ça me motive. Et j'essaie de transmettre ça, tous les ans, à tous mes élèves.
Désolée pour ce très long post. Bisous !
Quand on est trop enthousiaste, on nous dit qu'on est naïf.
Je n'ajouterai rien de plus vu la justesse de tous les commentaires précédents.
Juste que c'est une leçon de vie, qui doit nous servir à tous, profs comme non profs (car dans le domaine professionnel c'est tellement vrai aussi !)
(attention annectote) :
Mon prof principal (de francais aussi, en 1ere A2 l ancetre de L - seuls ceux nes avant 1976 savent ;-)), m a dit de facon hyper meprisante suite a une poesie mal recitee "mademoiselle, vous finirez en terminale technique". Deja, c etait devaloriser grave les etudiants qui n etaient pas des litteraires.
De plus, j ai trouve ca assez drole apres le bac de francais d etre l une des 6 (des 6 !!!) sur toute la classe a l avoir eu, ce bac de francais, et je ne me suis pas genee pour le lui dire, en rajoutant que c etait aussi et surtout son echec a lui, de n avoir emmene au bac que 6 de ses eleves....... CQFD !
"Écoute, avec tes notes, tu ferais mieux d'envisager autre chose que médecine".
Ou ma mère "Tu es sûre que c'est ce que tu veux faire? Parce que bon...".
Ou mon père: "Tu sais, dentaire c'est pas mal, tu devrais peut-être accepter, parce que c'est pas sûr que tu aies médecine même en recommençant ta première année"...
C'était il y a dix ans tout ça. Quand j'y repense aujourd'hui, je me dit que, venant de ces trois personnages, ce n'était pas de la méchanceté gratuite, peut-être juste une forme d'inquiétude, mais que je ne pouvais pas interpréter autrement à dix-huit ans que comme un manque de confiance en mes capacités.
Ça rend le "combat" plus difficile parce qu'on se sent un peu plus seul, mais la réussite derrière n'en est que plus belle.
Quant à ton professeur (et ceux qui lui ressemblent), ce sont peut-être des gens qui ont cessé d'être épanouis dans leur métier et ont fini par baisser les bras, ou des gens qui pensent que ces méthodes pédagogiques ont fait leurs preuves, et qui ne se rendent malheureusement pas compte que ce genre de phrases peut faire beaucoup de dégâts, quand celui qui les reçoit n'a pas le recul suffisant pour s'en faire des armes supplémentaires.
Bonne journée!
Céline
J'enseigne le français en collège à une classe unique d'enfants étrangers. J'ai choisi cette voie après dix ans d'enseignement comme prof de lettres.
Mes élèves, je les connais par cœur : je les accompagne une année, parfois plus, avec pour mission de les intégrer dans une classe ordinaire.
Mon regard sur eux est bienveillant, je suis avant tout là pour les aider à révéler leur potentiel individuel et j'évite de leur balancer ce genre de petites phrases assassines.
Pourtant, il m'arrive de me mettre en colère contre eux : lorsqu'ils ne travaillent pas, qu'ils se couchent tard le soir et arrivent épuisés en cours, qu'ils s'amusent au lieu de faire leurs devoirs (ben oui, ce sont des ados quoi !)
C'est avant tout parce que je suis inquiète : ils me mettent en face de mon impuissance à les aider davantage et cela me rend dingue ! (je leur ai souvent dit d'ailleurs, que cette colère était avant tout contre moi même !)
Ce découragement, cette lassitude, cette crainte de ne jamais en avoir fait assez, peut être est-ce de là que viennent ces mots cruels dont chacun a fait les frais au moins une fois dans sa scolarité : en fait, l'enseignant qui se laisse aller à ce type de propos ne révèle que sa propre impuissance !
Te fais des bises zolie Marie
Siouxsie: Oui j’ai vu ce magazine, une pote m’en a parlé.
ca donne envie de le lire.
Jess: Ah oui Esprites rebelles, avec le morceau de coolio (Gangsta’s paradise)
Camille: Elle est hyper belle ton histoire…
Marie S: Exactement.
aemi: Mon ex était prof, il me racontait des discussions dingues en salle des profs…
LNK: Je pense que tu as raison. J’imagine qu’il y a un peu d’aigreur aussi…
Toc-toc: Merci. Bise
Les causettes de Célestine: <3 c’est adorable. Et puis ça ne coute rien…
Virginie: J’ai trouvé ça super limite aussi.
je suis très touchée par tes gentillesses (mais j’ai l’impression que tu parles de quelqu’un d’autre :))
Merci beaucoup beaucoup Virginie.
je t’embrasse
Princesse Audrey: La confusion aient peut-être du fait que la vocation vienne de l’amour d’une matière seul plus que d’un goût profond pour l’enseignement.
Je t’embrasse et merci pour ton commentaire.
JujuK: Oui c’est vrai!
Amande que j’aime de love: Quelle horreur :(
Oui c’est vrai que c’est aussi et surtout un échec du prof.
Anonyme: je le comprends tout à fait oui. Mais ces petites choses qu’on imagine anodines peuvent vachement marquer…
Céline: Peut-être oui. Et tu as fait malgré tout médecine?
Bise
Sophie MC: merci d’avoir commenté Sophie, ça file un autre point de vue.
Alors merci à tout ces gens qui, gratuitement, te font du bien. Ils valent plus que ce qui, tout aussi gratuitement, essaient de t'enfoncer.
Aurore
histoiresdedeuxdos.wordpress.com
http://www.ted.com/playlists/11/the_creative_spark
Comme d'hab, un bonheur de te lire !
Comme quoi, en se bagarrant un peu, on peut aller au-delà de ce dont on nous pense capable :-) et ça aide aussi pour la suite:
"J'ai déjà fait pire, alors ça je vais y arriver".
Bises Marie, et bonnes vacances!
Bref je pars donc avec elle a la cantine er lors du repas un élève (de maternelle je précise) fait une "betise" (il devait jouer avec sa serviette ou goyer dans son verre) mais la "doyenne" l'a fait applaudir par tous les autres élèves et je ne savais pas à l'époque si c'était la bonne technique ou non.
Je me souviens m'être posé la question et avoir trouvé ça "violent" pour un enfant de 4 ans.
Aujourd'hui je sais que ce n'est pas la bonne solution et que c'est par ce type de comportement que l'on retrouve plus tard des ados qui ne croient plus en l'adulte, en l'Ecole..
Voila je pense que chacune de nos phrases, chacun de nos comportements impacte sur l'évolution des enfants.
Par rapport à ton histoire je pense que le point le plus important pour moi est la notion de "punition collective" qui enlève tout interêt à la sanction et peut "blesser" certains jeunes qui le prendrait a coeur.