DIMANCHE...
Je suis retombée, en rangeant ma chambre sur ce pull Mango blanc cassé, acheté dans un magasin d'usine à côté de Metz. Une ville qui se finissait en "-ange".
On s'y était arrêté en revenant d'une soirée avec un ami qui nous présentait son chien, un dogue argentin adorable, blanc lui aussi.
On s'aimait depuis peu, quelques semaines peut-être, mon coeur était dans sa phase "vertige permanent".
On s'aimait grand, on s'aimait pas comme les autres, c'était notre arrogance et notre bonheur qui nous le soufflaient. Bien sûr qu'on se trompait , mais la perspective d'une hypertrophie sensorielle, d'un caprice chimique dicté par la nature, ne m'avait même jamais effleuré. On était comme tout le monde, pas plus pas moins, pourtant, aussi loin que ça puisse être, la réalité m'ayant depuis rappelée que je me trompais, l'immensité de toi et de moi ne pourra jamais m'apparaître comme une chose "normale".
Non jamais. C'est devenu banal, moche, très moche depuis, malgré tout, le souvenir que j'en garde, c'est que dans tes bras, j'étais presque Dieu.
Je t'aimais toi, et jamais, jamais je te le jure, je ne m'étais sentie aussi vivante (qui tombe amoureux naît immédiatement. La vie d'un coup. C'est affligeant de banalité tant tout le monde le ressent dans sa chair).
La vie était devenue, dans tes yeux, immense. Immense à vivre, j'étais impatiente de tout, de tout vivre. Même Ikea. Même les repas interminables chez un tonton lointain où on allait s'ennuyer mais où je pourrais te regarder manger un rôti (peut-être pour la première fois). Même les slows d'un goût relatif dans tes bras que je n'étais jamais sûre de mener à terme tant mes jambes flagellaient… Même novembre, avec toi, c'était bien.
Ce pull, col V, maille irrégulière, en mauvais acrylique qui singeait la vraie laine tricotée à la main, on l'avait acheté ensemble. tu m'avais trouvé jolie dedans, c'était tes yeux qui faisait ça.
Je l'ai mis sans soutien-gorge, comme à chaque fois, jamais encombrée par la pudeur, il était doux sur ma peau.
Dis, tu sais toi, comment on a pu s'aimer comme ça et comment on a pu faire comme si tout ça n'avait jamais existé?
Comment la vie, comment on peut dire à quelqu'un qu'il est sa vie et puis plus rien?
Comment on a pu être lâche comme ça?
Tu peux toi? Je croyais que t'étais grand, je croyais qu'on serait grand, absolu aussi dans la rupture… Non. Pas plus pas moins que les autres. Un peu minables.
C'était y a très longtemps, le pull blanc (la laine s'est même feutrée à force d'être lavé à la mauvaise température) et le reste. Je ne sais plus qui tu es, ce que tu fais, ce que tu portes… Mais tu es où déjà? Tu te souviens de ce pull ? Il a rapetissé.
Commentaires
Moi, je n'oublie rien, jamais.
C'est pour cette écriture que je viens te lire. Ton texte pourrait être le chapitre d'un roman....
Tu écris, décrit, si bien l'émotion et la suite si triste de labanalité. C'est sûrement pour cela que finalement une rupture peut-être si déchirante... Le deuil de cette amour disparu et la peur de ne jamais plus en revivre un si complet....
Merci pour ce texte magnifique....
Bisous Marie
Bisous
Continue à écrire steuplaiiiiit!
Mon copain et moi nous nous sommes séparés cette semaine, assez pathétiquement. Ca fait mal, comme dit "La bougeotte", de chuter des étoiles à une triste réalité à laquelle on ne voulait pas ressembler.
Des bisous.
Ton texte me rappelle une chanson, 'je sais pas où t'es parti' de Mathieu Boogaerts. Cette chanson, parmi d'autres chansons, "..." (je copie Karima ^^).
C'est très touchant Marie, très bien écrit.
Ton texte me touche énormément.
Léo Ferré chantait "avec le temps va, tout s'en va". Et bien sûr, c'est un thème éternel.
Mais si ça me touche, c'est parce que ce texte, en substance, avec parfois quasiment les mêmes mots, je l'ai écrit il y a plusieurs années après avoir rompu avec mon amour de l'époque, un amour bref, passionnel, éphémère bien sûr, et violent. Je lui ai écrit ces mots parce qu'on s'était cru meilleurs, plus forts, on se disait que ce bonheur fallait le garder pour nous, que les autres ne pouvaient pas comprendre. Dès l'instant qu'on s'est connus on s'est aimés, on s'est juré de rester 10 ans ensemble, pas plus, pas moins. On se disait qu'on s'était trouvés, sans se connaître.
Et bien sûr ça n'a pas duré. La vie nous a rattrapés, on a tout gâché.
Je ne sais pas si c'est le fait de savoir que ça ne durera pas qui nous fait nous aimer si fort.
Mais c'est magnifique. Et à la fois c'est déchirant de tristesse.
où sont passés nos amours ? Comment s'aimer si fort et du jour au lendemain ne plus jamais se voir ?
Comment donner son corps et ensuite redevenir des étrangers ?
Ce que tu écris me bouleverse à nouveau et me replonge dans cette période, pour quelques instants.
A ce sujet, as-tu vu le magnifique "Two lovers" ?
Ce qui tu as écrit aujourd'hui m'a ait monter des larmes tellement c'est bien écrit. et puis le son....
Je lis / j'écoute ce post dans le prolongement d'un précédent sur de tes interrogations à aller vers plus d'intime, à parler d'amour notamment.
Je voulais juste te dire qu'à me yeux, tu es vraiment une artiste, je te lis, comme je lis un roman, un roman "sans fin", un roman de "jour en jour" . La "chic fille", c'est cette facette de toi, pour moi, un personnage tellement sensible, intelligent et beau!
Tu écris tellement bien que, tu pourrais parler de n'importe quoi, ce sera toujours drôle, touchant, ou percutant ou savoureux...
Hélène
je me dis qu'il est toujours agréable de réver...
Et l'oubli ? Il n'y a pas d'oubli, ton texte le prouve : les sensations, les émotions, elles sont en toi, pour toujours et c'est la force de ces histoires d'amour là !
Vous ne serez jamais des étrangers l'un pour l'autre, j'en suis convaincue, quand on a vécu aussi fort, ensemble, on reste connecté, quelque part (bon, un peu mystique tout ça mais n'est-ce pas ça le grand amour : approcher l'irrationnel, parce que c'était toi, parce que c'était lui...)
Merci pour ton texte Marie, tu ne m'as pas fait pleurer (je n'ai plus de larmes) mais je l'ai vraiment trouvé émouvant.
Tu ne nous avais jamais donné autant de toi, je crois !
Sophie
Merci meuf pour ce texte. :)
ste77
Ce texte est si vrai. On a tous en tête un Amour que l'on croyait éternel. Souvent, le Premier. On a tous aimé quelqu'un avec une telle passion, que l'on se croyait invincible.
Moi, cette histoire que j'ai vécu m'a fait mal quand elle s'est finie, mais pas tant que ça, car j'étais persuadée que le destin nous réunirait à nouveau. Que tout ceci n'était qu'une étape. Que nous deux, c'était si fort, que l'on se retrouverait.
On tomberait dans les bras l'un de l'autre.
Je pense que le cas de figure est aussi très présent dans les séries/films. Tu sais, retomber amoureux. Revenir avec le premier. Sourire car on retrouve un pull blanc dans son dressing et courir rejoindre l'ex amoureux. Pendant 1h30 de film, ou une série, nous, les nanas, on idéalise tellement ce cas de figure aussi, que je suis sure qu'une partie de ce fantasme est ancrée en nous.
& que ça doit être vrai pour 5% des histoires!
Tout ça pour dire que quand je revois mon premier amour en question, 8 ans après, je me sens vraiment comme une étrangère face à lui. Refaire le monde vite fait. Vouloir laisser la meilleure impression (pour que dans sa tête, il regrette les choses). & se dire qu'on change, en fin de compte.
"Même novembre, avec toi, c'était bien." J'adore!!!
L'
merci <3 et bravo
Je n'ajoute rien, il n'y a rien à ajouter: ton texte dégage de l'émotion.
C.
Salut Marie,
Il m'a quitté il y a une semaine, après des années. C'était le premier, le tout premier qui fait tout ce que tu décris.
Je croyais que nous étions éternels, j'y croyais fort. Et le fantasme, encore présent, du "on se retrouvera un jour, c'est certain". Tellement courant et désabusé.
Merci pour ce texte, pour ces tripes, c'est fort.
F.
Moi aussi je me demande souvent s'il continue de penser à nos "moments" ensemble.
Merci
Je le relis et je craque complètement.
J'ai rompu il y a maintenant 1 mois et demi avec mon premier amour (celui qui te rend la plus heureuse et la plus malheureuse) ... Pour qui depuis je suis devenue une étrangère ... Et tes mots m'ont beaucoup touchés.
Merci à toi Marie !
J'ai plus le temps d'écrire mais je te lis toujours avec attention souvent avec beaucoup de décalage. Ce qui rend triste dans une rupture c'est qu'on s'imagine qu'on ne revivra jamais ça, qu'on trouvera jamais quelqu'un avec qui partager des moments aussi forts...qu'on oubliera pas, jamais. Et puis le temps s'écoule plus ou moins lentement et d'autres choses arrivent, différentes, parfois plus faciles ou encore plus difficiles à vivre.C'est très joli ton histoire de pull blanc, tu te souviens d'Isabelle Adjani qui avait touchée le fond de la piscine dans son petit pull marine tout déchiré aux coudes que j'ai pas voulu recoudre ... Rose
Caroline
Sylvie
Merci à vous tous et à vous toutes, je suis très touchée par vos mots...
<3
J'ai vu "La vie d'Adèle" hier et ce que tu dis fait écho à ce passage (dont tu parles brièvement dans ton post sur le film justement) où elles se retrouvent dans un café et où elles s'aiment encore mais ne peuvent plus s'aimer.
Quel déchirement que cet amour là qui est devenu un souvenir, un oubli, une mémoire.
L'amour vaut-il le déchirement qu'il nous impose ?
En tout cas Marie, il faut que tu continues à écrire comme ça, regarde les réactions que tu suscites, on a toutes besoin de te lire. Et comme le dit très bien une personne 2 commentaires plus haut, tu peux parler de quelque chose de très intime tout ayant énormément de pudeur.
Bonne journée à toi
LOVE
ps : moi aussi je vis dans un village en ange, pas loin de celui ou tu etais plus haut...
Comment quelqu'un peut-il nous amener si "haut" mais également si "bas" ?! Les mystères de la vie ..
Je ne sais pa si tu parles de toi, mais en tout cas, je t'envoie plein de love et surtout des millions d'ondes positives <3
Tous mes poils sont au garde à vous...
Em
Je fais partie de la majorité silencieuse, de celle qui lit chaque nouvel article, mais qui ne dit rien. Jusqu'à aujourd'hui ;)
Je trouve ton article très juste mais... Mais j'ai envie de croire que ce n'est pas plus mal, quand le temps œuvre pour l'oubli.
Je veux dire, ce sentiment d’absolu dont tu parles, c'est formidable évidemment. Cette plénitude. Cette envie (ce besoin?) d'éternité. Quand tout va bien...
Mais l'après?
Non pas que je sois pessimiste de nature, bien au contraire. Mais quand, si, le miel tourne au vinaigre... Imagine le poids des regrets si le temps ne patinait pas un peu tout ça. Si le passé reste vivant, palpable, comment envisager un "autre"?
Bref, j'aime à croire que le "coeurps" à ses raisons.
On garde les vieux pulls comme de belles images... mais ils ne tiennent plus chaud... et, parfois, je trouve ça bien.
E.
C'est marrant comme ton texte fait écho à ce qu'il se passe en ce moment même dans mon esprit. La nuit passée, j'ai rêvé que je faisais un voyage, en voiture, avec mon amour et son nouvel amour. Que j'en venais à l'apprécier, elle, et que je me détestais pour ça. Que j'en venais même à être heureuse pour lui, et que ça me rendait malade. A la fin du rêve, un ancien de mes copains, pas le premier mais en tous cas la première relation sérieuse, d'adulte, venait me voir sur une aire d'autoroute pour me dire qu'il avait voulu prendre de mes nouvelles depuis longtemps et que, souvent, il pensait à moi.
Je crois, je suis sure même, que mon inconscient retraduit exactement la question que je me pose et que, de toute façon, je me poserais toujours: comment est-il possible de ne plus aimer quelqu'un? De vivre une vie dans laquelle l'amour est absent, terminé, passé? Quelqu'un qu'on a aimé si fort, si passionnément, si intensément, quelqu'un à travers qui on a vécu, à travers ses yeux, dans ses yeux... Pour ses yeux. Moi, j'ai toujours aimé à la folie, à devenir folle, réellement hystérique lors des ruptures, à sentir venir le vide creusé dans mon estomac, dans ma vie, dans mon coeur et... je ne sais pas comment faire pour lutter contre ce sentiment, comment l'empêcher de s'insinuer en moi et de lentement tout ruiner... Je suis épatée par la capacité à entretenir une relation longue mais, en même temps, elles me lassent. J'aime les vibrations de l'amour fou, du sexe fou, de deux corps furies. Et je n'arrive pas à savoir comment il est possible de ne plus y penser, d'aimer quelqu'un d'autre après ça, d'aimer de manière logique ou raisonnée ou quotidienne.
Tout me semble fade à côté de lui, et je suis malade de voir qu'on n'était finalement pas si grands; qu'il a pu en aimer une autre malgré moi.
Je n'ai pas de mots, je viens de prendre une grosse claque en te listant. J'ai repris mes 20 dans la gueule, à pleine vitesse.
Continue d'écrire Marie, tes mots sont magiques.
Je découvre à peine ton blog et je le trouve juste beau. Tu parviens à mettre en lumière les émotions de la vie. Cependant, je pense que ce que tu décris de l amour et du sentiment qu il confère, je ne l'aurais pas interpréter de la même manière. .. Tu dis que lorsque on aime on se croit exceptionnel et unique , que sans cette relation le monde s ecroulerait ! Je crois qu'il y a une part de vérité la dedans : chaque relation est unique et nous sommes exceptionnel à cet instant T car ce que nous vivons nul autre ne l a vécu exactement de la même manière que nous... C est plus fort et plus gd parce ce que même si les autres on vécu un amour similaire on s en moque. A ce moment nous sommes le centre du monde. Et ce monde est réellement détruit un tps sans cette relation, après. .. chagrin d'amour. .. en bref, je ne sais pas si j'ai ete claire !! Et tout cas, un mot, MERCI.
M.