L'AMANT
J'ai quasiment vu ce film à sa sortie (en 92) et je me demande bien comment ça a pu arriver (vu que j'étais super mineure... J'ai dû transgresser, je ne vois que ça). C'est un film torride, c'est le moins qu'on puisse dire.
Je l'ai beaucoup regardé durant mon adolescence.
La raison principale, c'était la voix de Jeanne Moreau (celle de Duras "vieille" dans le film). Déjà les intonations et les mots m'allaient droit au coeur, même si je n'en comprenais que modérément le sens. Je n'avais jamais lu un livre de Marguerite Duras, je voyais qui elle était avec ses grosses lunettes (elle passait parfois à la télévision, j'avais cru comprendre qu'elle avait des problèmes avec le whisky, ça l'envoyait trop souvent à l'hôpital, mais en dehors de ça, je ne savais rien d'elle) et je n'arrivais pas à me dire que la jeune fille à l'écran (incarnée par la très belle Jane March) était la même personne. (si ça vous intéresse, j'ai trouvé la vidéo de cette émission Apostrophe spéciale Marguerite Duras qui est vraiment bien).
C'est drôle parce que plus petite je m'étais vachement identifiée à l'héroïne (pas pour tout, restons sérieux), mais là, 20 plus tard, en revoyant le film, adulte, la personne dont je me sentais la plus proche, c'était cet homme, cet amant chinois.
Mes certitudes d'amour arrogantes ont changé, mes identifications en sont la preuve.
Je n'avais qu'une vague empathie pour l'amant chinois, adolescente, en revanche, à le voir se consumer d'amour, dans ma trentaine, il en est presque devenu mon frère.
Et puis il y a cette musique... Gabriel Yared. Je ne sais pas vous, mais j'ai un goût tout particulier pour les bandes originales de films. Gaby ( ben quoi? ) avait déjà composé, quelques années plus tôt, ma b.o préférée, celle de 37°2 le matin de Beinex mais là, en réentendant le thème de L'amant, surtout dans sa version "Le départ" que j'ai mise en lecteur Youtube, je sentais mon coeur qui se brisait... Il se brisait à chaque écoute.
Et concluons sur l'allure de la jeune fille, incarnée sur cette "photographie absolue" (le livre s'appelait d'abord comme cela). Elle portait une robe reprisée, une couleur un peu grise, un peu beige, un chapeau d'homme, un feutre couleur bois de rose au large ruban noir et des chaussures lamées or. De danse. Elles sont toutes cabossées, très belles. Des paillettes sur une sorte de résille noire.
Les cernes sont prononcés (tout particulièrement sur la photo d'introduction du post de Marguerite qui a inspirée l'affiche du film) presque trop pour ce jeune âge.
Et puis parce que la féminité n'est qu'à l'état d'ébauche (une ébauche dont les contours se préciseront au fur et à mesure du livre et du film), un rouge à lèvres rouge foncé, un peu bleu, posé au centre de la bouche comme dans l'imagerie clichée asiatique (l'histoire se déroule en Indochine) et souvent mal mis. Il y a toujours une partie de l'arc de cupidon qui est mal fardé... C'est très étrange cet accident de maquillage sur le visage de l'héroïne, tellement loin de cette perfection du pore et des fards que l'on voit partout.
Je vous embrasse fort, à demain.
Commentaires
tu parle toujours aussi bien des choses qui t emeuent, et j adore toujours autant te lire et venir me perdre ici (meme si je ne commente pas tjr^^)
des bisous
ici une Marie aussi.... sensiblement le même âge que toi et je me souviens de la tête de ma mère au cinéma lorsque le film est sorti...
Ca a drôlement marqué mon adolescence et j'ai découvert Marguerite Duras !
Si tu ne l'as pas lu, je te conseilles "Moderato Cantabile", sublime....
Merci pour tes posts, c'est toujours la classe !
m
Je ne l ai plus jamais revu ensuite, mais comme avec mon copain on s envoit parfois des extrait de video par Iphone interpose (car on habte a 100 km l 1 de l autre), je me souviens il y a qq mois avoir furieusement furete itunes pour retrouver cette scene ou il la gifle avant de l embrasser/la devorer afin de l envoyer a l etre aime .... ;-)
Merci de mettre tjr le doigt juste sur ces jolies choses (le lipstick), on en veut encore !!!!
ps : l affiche a moitie dechiree et moisie de 37.2 doit etre dans les cartons de la cave chez ma mere, j ai enfui bcp de choses aimees de mon adolescence sans jamais y etre retournee...
gros bisous
ce post me parle vraiment parce que moi aussi j'ai vu le film très jeune. C'était une cassette qui traînait (au milieu de mes Disney, trop sain, mes parents n'ont jamais été adeptes du rangement) et quand j'étais seule à la maison (souvent) je visionnais à peu près tout ce qui me passait sous la main.
Il y a eu ce film, ça m'avait un peu gêné sur le coup parce que j'étais vraiment très jeune mais ça m'avait aussi beaucoup touché.
Plus tard, à 16 ans, je lisais le livre, et là ce fût une véritable révélation. Je trouve que Duras a vraiment une écriture vibrante. C'est surtout cette façon de parler de sa famille, de ses frères, de sa mère, ça m'avait bouleversé. Et la douceur de ce chinois, cette cruauté de jeune fille qu'elle lui sert sans merci, il est beau comme un amoureux tragique.
Bref, merci de partager tes pensées sur des choses qui t'ont vraiment touché, j'adore ton blog, c'est comme si tu nous faisais des confidences à l'oreille.
CE film,cette voix,cette musique,cette hisoire....tout TOUT. vu et revu (décidément fort jeune aussi) et pourtant toujours autant boulversée.
Et bon sang,la beauté des acteurs steuplé!
*LOVE*
Olga.
Le film éveille tous mes sens, j'ai l'impression de sentir la moiteur de l'air, les odeurs, son corps qui tremble sous les secousses de la voiture... Et la beauté de cette fille, époustouflante! J'ai cherché d'autres films avec elle, mais elle n'a fait que des navets, par la suite :/
Et bon les histoires d'amour impossibles...
Bizarrement, ça m'a donné envie de lire le livre, mais je l'ai vite lâché, je n'ai pas aimé le style d'écriture de Duras, honte à moi promis je vais me rattraper!
Clochette
Mais pas l'amant, j'ai vu le film par contre. Ouah ce film, cet homme, cette garçonnière, mes premiers émois d'adolescente.
Ce film c'est une institution quelque part sur l'amour, le sexe, la passion, on apprend pas mal de chose.
Tu m'as donné envie de le revoir.
Bel article comme d'hab'