CONTINUITÉ...
Dans mon dernier post, j'ai trouvé un com de Poppy 51 intéressant.
Elle met le doigt sur un point que j'ai survolé dans la réflexion sur le complexe et qui est peut-être fondamental!
Pourquoi une personne, en l'occurrence une femme qui m'est a priori chère, se permet de se faire violente du propos, sans me prendre en compte dans mes failles et dans mes fragilités? En d'autres termes, pourquoi a-t-elle abandonné la délicatesse au profit d'autre chose dans nos échanges? Et par extension pourquoi cela a-t-il pris autant de sérieux dans ma tête?
✔ Nous savons tous nous adresser aux gens que nous aimons, j'entends nous adresser à telle ou telle personne, le mieux possible.
Je ne parle pas à ma mère, à ma pote, à mon mec de la même manière. Je les connais aussi dans leurs limites intimes et leurs complexes, donc sauf dans certains moments de cruauté gratuite (type engueulades avec mon mec), je m'adresse à eux de la manière la plus délicate possible.
Ça, ça vaut s'il n y a pas d'enjeu, mais parfois, il y en a. À 30 ans on est loin d'avoir abandonné les enjeux de pouvoir, de territoire ou de séduction primaire, bref, on est loin, très loin d'avoir réglé nos propres enjeux egotiques et l'autre, comme souvent, prend...
La personne qui m'a dit cela n'a pas que des motivations nulles à mon égard, sinon je ne l'aurais pas aimé comme ça a été le cas, en revanche, elle était aussi ça.
La parole de l'autre, dans ce cas de figure ou comme dans certains de vos témoignages (la violence de ce qu'a vécu récemment Flux, que j'ai plus ou moins aussi vécu, en est un parfait exemple), n'a de valeur que si déjà, nous avons un terrain propice à l'entendre.
Je m'explique, si cette même personne s'était adressée à moi en me disant que mes cheveux étaient rachitiques du bulbe (restons sérieux!), je l'aurais juste prise pour une débile, rien de plus. Et je suis sûre qu'à aucun moment, cette critique aussi gratuite et naze soit-elle, ne m'aurait atteinte. Elle aurait glissé, je ne m'en serais pas souvenue et je n'aurais sûrement pas fait un décollement de racines (NDLR: un décollement de racines est un acte capillaire consistant à soulever les racines des cheveux pour créer une sorte de volume artificiel... J'espère que cela ne se pratique plus depuis 1991, sinon... Sinon c'est la merde!)
Ça c'était la première chose. Si cela résonne en nous c'est que, matraquée par une éducation culpabilisante toute judéo-chrétienne, j'étais très propice à entendre ce genre de conneries, à l'intégrer et à le mettre dans mon système d'auto-appréciation. Il est devenu mien, comme si c'était normal et surtout vrai.
✔ Il y a un autre élément important (bienvenue dans ma tête ;-)), c'est que la fille n'est pas que bienveillance pour ses congénères. C'est un lieu commun qu'on tente de modérer en disant que si, c'est trop cool les filles entre elles, mais encore une fois, restons sérieux, je suis une fille, et ça n'est pas que ça.
En revanche, ça n'est pas que de la faute à nos chromosomes, dont celui "langue de putas", c'est certain.
Les filles jugent, je dis cela sans misogynie ni généralisation, mais cela est plutôt vrai! Les mecs, parce qu'ils ont moins d'enjeux sociaux à jouer, sont nettement plus décontractes sur la question. Ce n'est pas le genre qui veut ça, c'est la place que le genre occupe dans la société qui veut ça. Un rôle qui va à tout le monde et qui permet de tout garder en place.
Je tolère qu'une femme me dise cela, pire, je considère que cela fait partie de mon fardeau.
Je suis une nana, j'ai fait des études mais je suis encore, dans mon cortex, une femelle, qui doit payer son prix, comme toutes les autres. On peut me regarder et m'envisager comme de la viande. Une partie de moi l'accepte tandis que l'autre se révolte en vomissant (gracieux...)
✔ Le troisième point (c'est dimanche, on a le temps et pis je vais arrêter de me limiter à un nombre de mots, par peur de faire trop long, c'est comme ça, moi je cause!) c'est le procés d'intention. J'ai fait de la rhétorique à la fac, j'adorais ça. On a étudié les Liaisons dangereuses de Laclos pour repérer tout un tas de figures de rhétorique et les analyser.
Donc le procés d'intention c'est le fait d'analyser la valeur d'une action d'une personne qu'en fonction de ses actes et pensées antérieures.
Par exemple, Maurice est infidèle ( Dans les Liaisons dangereuses, on peut remplacer le nom de Maurice par celui, beaucoup plus classe, de Valmont), il l'a toujours était. Ginger, sa femme apprend de la bouche d'un tiers que Maurice l'a trompé et qu'il ne fallait pas s'attendre à mieux vu qu'il l'a déjà fait moult. Ginger a déjà un doute très orienté mais demande la vérité à Maurice par acquis de conscience, même si elle a déjà la réponse dans son cœur. Ce pauvre Maurice, innocent pour le coup, est victime de son passé et se fait larguer comme une merde.
Le procès d'intention marche, bien évidemment à l'inverse. Comment une personne qui a toujours été bienveillante, intéressante et tendre, pourrait-elle me dire "elles sont moches tes jambes", si cela n'était pas vrai?
Une personne bonne pour moi, depuis toujours ne peut pas avoir de mots mauvais, tout simplement... Voilà tout simplement ce que je me suis dit.
Et c'est comme ça qu'une simple phrase peut avoir de l'impacte sur mon auto-appréciation.
✔ A posteriori, 3 ans plus trad, je me rends compte que j'ai fait mien un avis. Je l'ai fait mien alors qu'il ne me concernait en rien. On parlait des enjeux tout à l'heure, cette femme, la "copine" de Flux devant la glace, l'amie de Minhoi qui a un avis très définitif sur la question de la juste harmonie ou encore le gamin traitant les petons de La Lionne, avaient leurs propres enjeux. Leurs propres enjeux dans lesquels nous avons jouer un rôle, celui du déversoir.
Les gens, même les meilleurs, ne sont pas qu'élégance ou amour, ils ont aussi leurs propres limites, envies, colères et frustrations...
Mais je reste d'accord avec vous, qu'ils arrêtent de nous casser les couilles... (Ouf, un gros mot, on l'a échappé belle)
Ça peut donner une impression de beaucoup de sérieux pour pas grand chose, mais le blog, dans mon cas et grâce à nos échanges via com, est clairement cathartique! J'adore cela.
Je voulais conclure sur une note poétique. Il y a déjà plusieurs mois, j'avais vu chez Fonelle, un post où elle expliquait, en substance, qu'elle avait toujours privilégié l'humanité à la vérité. Elle concluait en disant que les gens devenaient beaux à force de se l'entendre dire.
Je vous embrasse...
L'image est une photo d'une oeuvre de Mark Ryden.
Commentaires
J'ai mis au monde une petite nana avec seuleument la moitié d'un visage....accident de la vie!!
A la maternité j'ai entendu des commentaires du personnel qui parlait "du bb monstre" qu'on avait installé en néonat....parce que ca se met ou un monstre? ca se cache bien sur!!
et moi j'ai dit non!!à force de sorties, d'opérations (une 30 aine),de rencontres et de culture,ma fille est la nana la plus équilibrée que je connaisse!!
on m'a reproché d'etre belle....oui sans fiérté je peux le dire je suis jolie,mais c'est dans mon regard que ma Chlo l'est devenue...à travers mes traits qu'elle s'est reconnue,dans mon sourire bienveillant qu'elle s'est identifiée comme "femelle"!! et qu'aujourd'hui un garcon l'aime ceci malgré les profondes cicatrices,les greffes,la prothése,elle EST belle à travers tous ces regards là!!tant pis pour les autres!!
je t'embrasse fort Marie,SEVE
De l'humanité bordel! lol
Tout ça n'est peut-être pas très clair, c'est ce que je me dis en me relisant. En tous cas, merci! Pour la sincérité, pour le partage d'une certaine intimité, pour la bienveillance... Et si en plus c'est cathartique, tant mieux!
mais tellement!
moi je complexe et après j'ai honte de complexer , de m'être un instant considérée comme un morceau de viande . et puis ça devient carrément le complexe du complexe, la honte de se sentir inférieure. pouah.
le ressenti est ce qu'il y a de plus subjectif.
J'ai une soeur jumelle, depuis que nous sommes petites : on nous a attribué des rôles. Le casting sauvage (lol) s'est basé sur nos prédispositions : elle était douce, j'étais dure, ou plutôt chipie (pour utiliser un vocabulaire adapté à mon jeune âge).
Alors, on est catalogué de cette manière depuis notre enfance : moi, je suis la grande gueule qui est là quand il le faut, qui dit ce qu'il y a à dire, elle, c'est la fille douce, gentille, toute mignonne ...
Et voilà comment de manière unilatérale, on a décidé pour nous du rôle que chacune devait jouer, dans la fratrie, au vu du statut de jumelles qui est en soi un peu spécial.
Et du coup, j'étais la moins apprèciée, et depuis petite jusque la fin de l'adolescence on me disait : ta soeur est belle et gentille, mais toi t'es moche.
J'ai 28 ans : ben j'y crois encore. Je trouve que ma soeur est vraiment plus belle que moi, elle a un visage plus harmonieux, de grands yeux doux. Et cette différence physique entre nous 2 : dans ma tête c'est purement objectif ; objectivement, je la trouve plus belle. Alors que les appréciations de ce type sont de nature subjectives.
Et surtout : je n'ai jamais aimé les compliments sur mon physique - ça m'a toujours génée, mise mal à l'aise.
Bon j'arrête là, je ne sais pas si tu vas comprendre ce que je veux dire, en fait, moi même je ne sais même plus ce que je veux dire - je me suis auto-cassé le crâne, je vais aller m'enfiler du doliprane !
Une personne bonne pour moi, depuis toujours ne peut pas avoir de mots mauvais, tout simplement... Voilà tout simplement ce que je me suis dit.
Et c'est comme ça qu'une simple phrase peut avoir de l'impacte sur mon auto-appréciation."
mais c'est tellement vrai !!!
"Mais je reste d'accord avec vous, qu'ils arrêtent de nous casser les couilles..."
et ça c'est clair !!!
Prends soin de toi.
Je t'embrasse.
Soéla: Oh comme c'est gentil. Merci Soléa.
@nnoushka: Oui clairement. de l'humanité pour soi quoi!
Stéphanie: C'est intéressant ce que tu dis.
dans une plus petite mesure, je suis toujours plus assurée si je me suis vue le matin, avec une lumière flatteuse. Et toute mon attitude s'en trouve transformée, je crois clairement, comme toi, qu'au-delà de la subjectivité, la beauté n'existe que dans notre propre prisme, et tout notre attitude, notre manière d'être s'en ressens.
Tu as été très claire ne t'inquiète pas!
Merci.
Flux: le complexe du complexe... On est grave hein!
Khaïra: Ton expérience de gémellité, ajoute une plus valu au truc. tu as forcément le même, à peu près, physique que ta sœur, cela prouve bien qu'il ne s'agit pas d'enveloppe, mais plutôt de perception d'enveloppe.
C'est bien d'accepter les compliments, physiques ou pas d'ailleurs, mais ça demande un réel effort si tu n'y es pas habituée. ;-)
Bisous
Minhoi: Ouais qu'ils arrêtent de nous casser les couilles...
:-)
Anonyme: Tes mots sont vachement durs je trouve!
Je ne te connais pas, donc je ne vais rien modérer, ça n'est pas ma place, mais à quoi se définit l'harmonie, à quoi se définit l'agréable... Des traits harmonieux, une manière d'être élégante... ?
Je ne sais pas, mais tu le conclus bien, tu irradies, ici dans la maternité, mais c'ets donc un sentiment qui ne t'est aps étranger...
Tu peux parler chez moi autant que tu veux, le véritable intérêt de la Chic Fille, ça n'est pas la mode, qui n'est qu'un prétexte, mais bien la compréhension de la féminité et de sa construction, et surtout son acceptation à travers nos pluralités? je t'embrasse beauty! Parce que moi j'en suis sure, et je finirai avec le petit prince "on ne voit bien qu'avec le cœur l'essentiel est invisible pour les yeux".
(Punaise la photo elle me fait mal au coeur)