EXPÉRIENCE...
Ce matin Joshua s'apprête à vivre une drôle d'expérience.
Celle de l'anonymat. L'anonymat complet. Celle de son apparence et celle de son talent.
Quelle drôle d'idée de me faire jouer dans un couloir de métro, le stradi' sous le bras et mon orgueil dans la poche...
Pour la science, pour le Washington Post je vais le faire, jouer devant des gens, à l'heure de pointe, à l'heure où ils sont si pressés qu'ils en oublient tout, les étoiles, le beau et le reste... Je vais jouer du Bach... Oui tiens, je vais jouer La Chacone, si difficile, ça ne pourra pas passer inaperçu, c'est bien trop joli. Un petit Schubert là-dessus, l'Ave Maria fait toujours son petit effet...
On ne pourra pas ne pas entendre les notes, elles se feront si envahissantes, si belles qu'ils ne pourront pas. Même l'urgence de leur vie ne leur cachera pas ça.
Et Joshua Bell a joué pendant 45 minutes avec un Stradivarius de 3,5 millions de dollars devant un public qui n'en sera pratiquement jamais un.
La plupart des hommes et femmes passeront devant lui sans prêter aucune attention à sa prestation extrêmement technique, prodigieusement difficile...
Une petite fille se figera, le regardera mais se verra vite tirer le bras par une maman stressée, pressée. D'autres enfants feront de même et les parents s'exécuteront en tirage de bras et agitations nerveuses... Pas le temps de se figer. Pas le temps pour la contemplation.
Il récoltera 32 dollars dans une indifférence quasi générale. Joshua avait pourtant joué quelques jours auparavant à Boston devant une salle pleine aux places chères. Il est toujours très attendu dans ses concerts.
Et là, une seule personne le reconnaitra... Et peu, bien peu se figeront devant la beauté de sa musique...
Cette expérience est tout bonnement folle, sortie de tout concept justificateur de "beau", la production de "beau" n'interpelle personne.
Il faut s'entendre dire que les choses sont jolies pour qu'on ai envie d'y croire, pour qu'on soit sûr qu'elles le sont.
Cette histoire a fait plus que me frapper, elle m'a presque ravagée... Comme j'ai le sens de la mesure, ça tombe bien.
Le moutonnage est un concept assumé en mode, mieux ça nous amuse parce tout ça n'est pas très sérieux!! Mais déjà on se pose les questions de l'harmonie, on se demande à quel moment on s'entend dire qu'il est AUTORISÉ de trouver telle chose jolie, de la porter et de se dire qu'il est si doux d'être à la mode...
Tout cela est pathétique, nous somme pathétiques de pseudo-individualisme (comme je suis colère laisse tomber, colère contre moi surtout... Comme je ne suis ni pire, ni meilleure).
Merde et les étoiles, on les oublie ou quoi! Les étoiles de nous, de notre cœur, celles si cachées, au fond de nous, celles qui nous poussent à être intègre envers nous mêmes. C'est un strict minimum je crois l'intégrité.
Sauf que, la beauté, force est de constater ne va pas de soi... Pas tant qu'on peut le penser.
Sortie du contexte (ici salle de concert mais ça pourrait être dans un défilé de mode pour la fashion), sortie de l'approbation de la masse, la beauté n'a strictement rien d'évident. Il est même diablement difficile d'aller à contre-courant.
Ceci dit vieillir c'est aussi mieux savoir ce que l'on aime pas... Pour ce qui est de ce que l'on aime, je ne suis arrivée de rien, je suis en mutation permanente, mais je tends à mieux savoir, je tends à mieux affirmer.
La mode a cet énorme désavantage de ne proposer comme habillement que ce qui est perçu comme étant dans l'air du temps. Il est difficile d'acquérir une pièce dite "kitsh", "has been", préférons le terme "à contre courant", nettement mois connoté.
Si pour cet été je veux porter des joggings immenses, ça sera, je pense, très simple... On va assister, à mon avis, à une déferlante de joggings plus au moins apprêtés.
En revanche si je veux acquérir un pantalon en soie, tout près de mes cuisses, avec des jolis motifs japonais, ça sera nettement plus difficile.
La mode implique le renoncement, elle implique le non questionnent sur nos envies propres, puisque les autres, ceux qui sont pas nous, ont déjà largement décidé de ce qu'on sera autorisé à porter... Et on aura leur approbation, parce que ce sont eux qui décident de ce qui est beau ou pas pour nous...
Comme Joshua, sans justifications de son talent, son "Beau" passe complètement inaperçu.
Trop le post engagé qui dénonce, hein?
Commentaires
et peut être que cette même "foule" inculte et qui semble insouciante, sera captivée par quelque chose d'autre, qui semble plus futile...
à chacun son art et sa sensibilité;..
Et des vêtements pour avoir chaud !. Et oui, c'est leur fonction première à part cacher nos intimités aux regards.
Si t'as envie d'un fut que tout le monde gerbera chérie : offre le toi !.
On oublie aussi que l'essentiel dans la vie c'est l'estime que l'on a de soit qui permet de se différencier, d'expérimenter, de se relever...
A force de moutonnage les gens s'enterrent réellement !.
Je suis pour ma part révoltée contre ce monde de merde où seul compte l'affichage (en bandoulière) de ce que l'on est et de ce à quoi on appartient en terme pécunier du moins...
Je pense sincèrement que je me serais arrêtée et d'autant plus pour montrer la dextérité à mes mioches...
Prendre le temps de vivre et voir, sentir, rencontrer : VIVRE !.
Bon weekend et la BISE ! et merci pour cette histoire édifiante dont je choisi de ne retenir que le beau : ce grand bonhomme qui descend dans le trômé et aussi cette petite qui découvre : il suffit parfois d'une minute pour que celle-ci te remplisse et t'élève...
Mais, c'est vrai, tu n'as pas tort!
Je ne parlais pas forcément de gens incultes, de populace qui ne comprend rien à l'art et tout le reste... Pour ma part, je ne suis pas forcément sensible au violon et bien plus par une quantités de futilités ultra terre à terre...
Il s'agissait plutôt du constat, triste, qu'il facile de se faire déborder par la vie, l'environnement les conventions...
justement le propos est plutôt de se dire "pas chacun son art". l'art n'est finalement pas si révélateur de l'âme qui l'apprécie... Ne s'agit-il pas que de mode, de conventions, d'environnement plutôt que de sensibilité?
Diane: de nada beauté... Cet article ouvre plusieurs perspectives en plus...
MILF: Tu sais, le pire est que je ne suis absolument pas convaincue que je me serais arrêtée.
Et c'est ça qui me révolte. Pas de jugement juste le constat édifiant du marasme général.
Et tu as raison, souviens toi que du mieux, que du grand.
Bon week end à toi aussi...
Je t'embrasse
MAthilde
les circonstances finissent toujours par+compter que les choses et les êtres.
Regarde les femmes connus dites belle la majeur partie d'entre elles en "madame tout le monde" dans la rue ne décrocherai pratiquement aucun regard.On est dans une societé qui a atteind un degrés d'hypocrisie et de "non-sens" qui fait froid dans le dos.
Mais oui il n'est pas question de drame, juste de se dire "merde les gars, qu'est ce qu'on fait". Bisous
Mathilde: Merci Mathilde... J'imagine qu'en tant que musicienne (je ne le suis pas) c'est d'autant plus parlant...
Anonyme: je crois qu'en même temps, les gens ne savent pas qu'il est possible de faire autrement. au moins d'être ce qu'ils sont, ni plus mais ni moins aussi. Il ne s'agit pas de faire partie d'une meute mais comme il est compliqué et douloureux pour l'individu de se battre contre le groupe. Il faut s'y atteler pour soi, mais putain que c'est dur...
Olivia: Moi je ne peux pas garantir... Pour moi en tous cas, là c'est facile a posteriori... Mais sur le moment...
Carole: C'est joli ce que tu dis... Sous l'énervement c'est super joli... Oui et il s'agit bien de lutte pour être soi, et c'est pas évident. Justifier l'injustifiable puisqu'il est juste tout près de notre ressenti... Et puis être soi en respectant les autres sois des autres...